Des délestages à Ouaga : parlons en

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En cette période de canicule : devons-nous être plus tolérants et compréhensifs ? Même si les ménages se plaignent des délestages, les travailleurs eux, surtout les ouvriers se disent plus affectés. Ils disent enregistrer une baisse de leur rendement en cette période. Nous avons bien voulu rencontré quelques travailleurs qui rencontrent beaucoup de désagrément avec les délestages intempestifs.
Conombo Karim, coiffeur
Conombo Karim, coiffeur

Monsieur Conombo Karim est coiffeur au secteur 4 de Ouaga. Par rapport aux difficultés qu’il rencontre pendant ces périodes de délestage, celui-ci dit avoir l’avantage de posséder un groupe électrogène qui prend immédiatement le relais en cas de délestage. De plus il relève le fait qu’il ne vend pas de produit périssable contrairement à certaines boutiques communément appelées alimentations . Cela est un avantage reconnait. monsieur Conombo Karim même si l’argent qu’il injecte dans le carburant constitue une dépense supplémentaire donc un manque à gagner. Il dit ne pas comprendre la situation de la SONABEL qui reste sur les mêmes problèmes depuis des années:<< Depuis des années à cette même période ce sont les mêmes problèmes qui persistent >> De son avis personnel, il pense que le matériel de la SONABEL date de l’année 1960 et qu’il faut les changer, et injecter beaucoup d’argent afin de renouveler le matériel.

Monsieur Conombo n’est pas le seul à rencontrer des difficultés pendant cette période de délestage. Mais comme l’adage populaire le dit, chacun porte sa croix en cette période.

M. Ilboudo, soudeur
M. Ilboudo, soudeur

En ce qui concerne Monsieur Ilboudo Antoine soudeur de son état, c’est le même son de cloche. Lui aussi dit souffrir en ces périodes de délestages :<< vous-même vous savez, dans ce métier, sans l’électricité il n’y a pas de rendement. La soudure demande beaucoup d’énergie ce qui fait qu’on ne peut pas se permettre d’utiliser des groupes électrogènes pour le relais en cas de coupure. Vous comprendrez aisément que mes revenus baissent par rapport au mois passés. Quand on avait le courant en permanence, on avait des clients qui venaient pour de petits dépannages ou de réparation qui nous permettaient d’assurer la nourriture des ouvriers et la popote à la maison. Maintenant on ne compte que sur les commandes et là aussi on n’est pas très souvent dans les délais d’exécution ce qui fait qu’on est constamment en conflit avec les clients>>.

Sur le plan économique, il est indéniable que les délestages portent un sérieux coup sur tous les secteurs de l’économie.
Mais que dit la SONABEL par rapport à ces désagréments ?

Il faut le dire, à l’orée de cette période de canicule la SONABEL n’a cessé de multiplier les campagnes de communications pour expliquer la situation qui prévalait et les mesures prises pour amoindrir les désagréments liés aux délestages. Un programme de délestage a été établi afin que les usagers puissent prendre leurs dispositions. Mais le message est-il passé ? Quelle sont les réalités que certains clients vivent réellement ? le moins que l’on puisse dire c’est qu’il y a bon nombre de consommateurs qui se plaignent de diverses pertes et d’une baisse de leurs rendements .Sommes-nous dans la situation du verre à moitié plein ? Pour ce qui est sûr, clients comme fournisseurs chacun a des raisons valables pour se défendre et chacun tire la couverture de son côté.

Déjà à l’orée des périodes de pointes ou les délestages deviennent récurant la plus part du temps, la SONABEL avait rencontré les Hommes de média pour leur faire part d’un certains nombres de mesures prises pour la gestion des périodes de pointe ou les délestages deviennent récurrent. Période à laquelle la demande en énergie dépasse largement l’offre. Ces efforts constamment déployer sont entre autres du plaidoyer auprès des gros consommateurs d’énergie tel que les miniers et les cimentiers puissent réduire leurs consommations pour qu’ils diminuent leur consommation auprès des ménages également pour une utilisation modéré et économique de l’électricité. Tous cela dans un souci d’exploiter de façon rationnel l’énergie dans les périodes de forte demande. De plus il y a eu l’augmentation du niveau d’importation d’énergie de la Côte-D’ivoire qui a atteint une puissance de 70 MW en 2017, l’acquisition de 5 groupe thermiques qui ont permis d’avoir une puissance de 30 MW. Malgré tous, le déficit est loin d’être comblé.

François de Salle Ouédraogo DG de la SONABEL
François de Salle Ouédraogo DG de la SONABEL

Comment ça s’explique ? Le DG de la SONABEL a expliquė que :<<Malgré les investissements consentis par l’Etat, le sous-secteur de l’électricité est confronté à un déséquilibre persistant entre l’offre d’énergie et la demande de plus en plus forte dont le taux de croissance annuel est d’environ 13%>>.

Selon les explications du DG de la SONABEL pour qu’il y ait un équilibre entre l’offre et la demande, il faut que le taux d’électrification nationale atteigne les 100%. De cette sorte, la demande est connue et stabilisée, il devient plus aisé de répondre à cette demande qu’à une demande sans cesse croissante. Rappelons que le taux d’électrification en 2015 au Burkina Faso était de 18,83% ce qui fait que chaque année, vu le nombre sans cesse grandissant d’abonnés, la demande augmente toujours. Malheureusement cette croissance de la demande ne va pas au même rythme que les investissements dans le domaine électrique, déplorent François de Salle Ouedraogo DG de la SONABEL.

Loin d’être un aveu d’impuissance de la SONABEL, cela est malgré tout la triste réalité dans laquelle le Burkina se trouve. Entre incompréhension légitime de la population et raison tout aussi légitime de la SONABEL.. Il sied alors de regarder ensemble dans la même direction pour atteindre les mêmes horizons.

Hamadou Ouedraogo/www.fasoamazone.net

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