Toxicité du carburant vendu en Afrique de l’Ouest : un « scandale » de santé publique

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Des Organisations Non Gouvernementales (ONG) ou de militants écologistes, accordent le même violon pour dénoncer que le carburant exporté et vendu en Afrique de l’Ouest est de piètre qualité et nocif pour la santé. Dans un rapport officiel rendu public lundi 9 juillet, l’Inspection pour l’environnement humain et les transports des Pays-Bas note que « les carburants destinés à l’Afrique de l’Ouest sont mélangés autant que possible ». Un scandale de sante public déclare des environnementalistes.

Dans le rapport il est mentionné que la teneur en soufre est entre 200 et 1 000 fois supérieure aux normes européennes. Pendant que les conséquences en matière de santé publique sont dévastatrices, les géants du pétrole, quant a eu, en tirent des bénéfices considérables. Ce scandale a été révélé par une enquête rigoureuse de l’organisation suisse Public Eye (ex-Déclaration de Berne) en septembre 2016 et confirmé par le gouvernement néerlandais en 2018 après avoir lui aussi mené son enquête.
La police environnementale, lors de cette enquête, portant sur les cargaisons de quarante-quatre (44) tankers, en partance pour l’Afrique de l’Ouest, a constaté l’usage « à grande échelle » de manganèse et de benzène, des substances hautement cancérigènes les unes que les autres y compris les produits pétrochimiques interdits dans la majeure partie du monde. Elle note également dans les carburants destinés à cette partie du monde, que les produits pétrochimiques contiennent « 300 fois plus de soufre qu’autorisé par les standards européens », recoupant les révélations de Public Eye.
Les Pays Bas vont d’ailleurs plus loin, il laisse entendre que ce rapport sera présenté au Parlement à une date encore inconnue et certains cas d’illégalité seront transmis à la justice. Selon un rapport de l’ONU datant de 2014, les Pays Bas et la Belgique sont les grands pourvoyeurs de carburant en Afrique de l’Ouest. Ces deux représentent près 60 de la quantité totale. La « qualité africaine », c’est l’appellation qu’utilisent les géants du pétrole pour qualifier l’essence et le diesel toxique convoyé en Afrique de l’Ouest.
Le hic, c’est que l’utilisation de ce carburant est à grande échelle. Selon l’Organisation des Nations Unis (ONU), la motivation des Pays Bas à commanditer cette enquête est dû au faite qu’environ 50 % des produits pétroliers exportés vers l’Afrique de l’Ouest partent d’Amsterdam et de Rotterdam, auxquels s’ajoute Anvers (Belgique). Or, les mélanges sont, la plupart du temps, effectués dans ces terminaux qui disposent de raffineries.

« La livraison de carburants toxiques à l’Afrique de l’Ouest n’est rien de moins qu’un scandale environnemental et de santé publique, a déclaré le norvégien Erik Solheim, Responsable du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). L’idée que certaines parties du monde ne méritent pas la même protection sanitaire que les autres est tout simplement choquante. ». D’après lui, 7 millions de personnes meurent chaque année en Afrique des suites de pathologies (cancers, asthme et d’autres maladies respiratoires) provoquées par la pollution aux particules fines.

L’enquête néerlandaise a également noté un manque de transparence des producteurs et vendeurs de carburants sur le contenu de ce qu’ils vendent toute chose qui rend les opérations de contrôle très difficile ajouté au faite que les opérateurs ne sont pas très regardants sur la qualité des produits qu’ils achètent.

Pour le cas du Burkina Faso
Le Burkina Faso, un des pays concernés, deux gérants de stations-service de la place qui ont requis l’anonymat, ont été approché pour en savoir davantage. Si l’un affirme ne pas être au courant de la toxicité du carburant vendu aux usagers, l’autre par contre dis en avoir entendu parlé. Il indique par ailleurs que des cobayes (souris, les chats, etc.,) ont été déployés au sein de la station afin de texter la toxicité du carburant vendu. En la réponse de savoir si cela permettra de confirmer la toxicité ou non du carburant, il est resté sans voie. Qu’a cela ne tienne, il soutient en tout cas que : « Jusque-là, ils n’ont pas de problème car un vétérinaire passe presque tous les mois pour les examiner ». En plus du taux très élevé en souffre, il y a le benzène, butène, isoprène, manganèse aussi toxique que le souffre. Retirer toutes ces substances coûte de l’argent, note l’enquête du gouvernement néerlandais, mais crucial pour la santé des consommateurs.
Le ballon est désormais dans le camp des autorités africaines concernés par ce scandale. Cet esclandre concerne tout le monde, du petit paysan au cadre de l’administration en passant par le Président lui-même, personne ne sera épargné si rien n’est fait. Bientôt, peut-être, l’Afrique de l’Ouest cessera d’être intoxiquée par de l’essence et du diesel émettant de grandes quantités de particules fines exportés par des géants du négoce sans scrupule.

Justin Ouatarra/www.fasoamazone.net

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