Une fille de 10 ans passant de classe supérieure avec 08 de moyenne arrachée des griffes du mariage précoce.

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Rencontre avec NASSOURI Ramatou, la présidente de la coordination provinciale des femmes du Gourma, une amazone de la lutte contre le travail d’enfantsElle est aussi une figure de proue de la défense des droits de la femme à Fada N’gourma. Interview accordé à Fasoamazone.net le 24 juillet dernier a l’occasion de la caravane de presse sur le mariage d’enfants dans la région de l’Est. Une caravane organisée par la coalition nationale contre le mariage d’enfants au Burkina Faso  (CONAMEB) en collaboration avec l’UNICEF.

Faso Amazone : Quelles sont les types de violences que vous rencontrez dans la Région de l’Est dans le cadre de vos activités ?

NASSOURI  Ramatou ( NR   )En matière de violence contre les femmes la violence région de l’est est une région qui a ses particularités en la matière. Les violences physiques les bastonnades les injures, les coups et blessures la violence économique car la femme n’est pas indépendante économiquement. Il faut noter aussi que refuser de parler est une violence. Concernant les violences faites à la femme les plus fréquentes sont les coups et blessures

Faso Amazone : Les rapts d’enfants sont des violences faites aux femmes que pensez-vous du phénomène ?

NASSOURI  Ramatou : Le mariage précoce et le rapt sont très fréquents dans la Région de l’Est. On a réussi a empêché le mariage d’une fille de 10 ans la semaine passée (NDLR le 17 juillet 2018). Une élève que ses parents étaient sur le point de marier. Je précise que cette fille passe en classe supérieure avec  tenez-vous bien 08 de moyenne.
Nous avons été alertés et nous avons rencontré les parents pour empêcher ce cas de mariage précoce. C’est un phénomène culturel et les gens trouvent que c’est une preuve de bravoure pour ceux qui pratiquent le rapt.

Faso Amazone : Qu’avez-vous fait par rapport à ce cas précisément ?

NASSOURI  Ramatou : Nous avons réussi à sauver la fille en sensibilisant les parents. Nous avons aussi expliqué aux géniteurs de l’enfant que le mariage précoce est interdit. C’est une pratique négativeJe pense qu’une femme ne peut se confondre à un objet. En outre même les objets ne se volent pas, il est interdit de voler alors dans ce cas une femme ne devrait pas être considérée comme un objet une chose que l’on peut dérober. Les objets ne se volent plus ce n’est pas normal qu’on enlève une fille et cela est souvent accompagné  de violences. Elles sont dans la plupart des cas frappées. Elles sont attachées ce n’est pas normal.

Faso Amazone : Quelles sont les activités que vous effectuées dans la lutte contre le mariage d’enfants ?

NASSOURI  Ramatou : Nous procédons par la sensibilisation comme ce fut le cas avec les parents de la petite fille du secteur 02 de fada que nous avons retirée  des griffes du mariage précoce. L’éducation est effectuée à travers  les émissions radiophoniques. Le mariage précoce est à proscrire car la fille en tant qu’être humain a des droits. Personne a le droit de bafouer la dignité d’un enfant et de violer ses droits. Il faut laisser les filles poursuivent leurétudes, la petite fille a des droits même si c’est ta fille elle n’est pas ta chose

Faso Amazone : Est-ce que vous subissez des menaces dans votre travail ?

NASSOURI  Ramatou : Des menaces physiques ?  Non.  Mais on en subit quand même des menaces. Le simple regard est une menace. En tant que structure lors des rencontres à Fada les gens m’appellent l’avocate des femmes par moment on ne veut pas me donner la parole. Les gens savent ce qu’on va  dire et revendiquer  ils disent c’est encore elle. C’est une menace les gens ne sont pas contents de notre intervention c’est une forme de violence. Nous travaillons en étroite collaboration avec l’action sociale vers qui nous referons des filles victimes du mariage d’enfants.

Faso Amazone : Etes-vous satisfaites de la cause pour laquelle vous luttez ?

NASSOURI  Ramatou: Je suis plus que satisfaite non pas en tant que responsable d’une structure de défense des droits humains mais en tant que femme. En tant que mère   je n’accepterai jamais qu’on enlève ma fille comme un objet moi je n’ai pas été victime donc je n’accepterai jamais. En tant que femme si je pouvais faire plus que ça je pense que je l’aurais fait. Mais en tant que responsable de structure je pense qu’il reste beaucoup à faire

Faso Amazone : Quelles sont les difficultés auxquelles vous faites face ?

NASSOURI  Ramatou : Nous rencontrons beaucoup de difficultés et c’est l’occasion pour moi de lancer un appel aux partenaires et à tous ceux qui peuvent nous venir en aideLa maison de la femme de Fada N’ Gourma nous sert de siège et il n’y a même pas une bonne chaise sur laquelle s’asseoir pour travailler. Lorsque nous recevons les victimes du mariage d’enfants  nous avons recours aux voisinages pour demander une chaiseLa maison de la femme de Fada N’ Gourma est dans un état déplorable. Les difficultés sont nombreuses mais ils ne diminuent pas notre engagement et ne pourront pas entamer notre volonté de défendre les Droits Humains

Je vous remercie.

Interview réalisé par D. Kafando 

depuis Fada N’Gourma pour www.fasoamazone.net 

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