Côte d’Ivoire : Douze enfants périssent dans le chavirement d’une pinasse à Dabou: Tiaha pleure ses fils et ses filles

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Des embarcations artisanales, couramment appélées pirogues. La technique est à revoir

Tiaha (sous‑préfecture de Dabou), 22 avril 2025

La consternation règne dans le petit village lacustre de Tiaha, à 50 km à l’ouest d’Abidjan. Douze enfants, âgés de 8 à 15 ans, ont perdu la vie après le chavirement d’une pinasse artisanale qui les ramenait, dimanche 20 avril, d’un pèlerinage spirituel sur le site de Galilée.

Une traversée qui tourne au drame

Partis en fin d’après‑midi, les 17 jeunes pèlerins venaient de franchir la moitié du bras de lagune lorsqu’une panne subite de moteur a immobilisé l’embarcation. Quelques instants plus tard, une bourrasque soulève la surface de l’eau ; à bord, la panique s’installe. Selon les premiers témoignages recueillis par Top News Africa, plusieurs enfants se lèvent ou se déplacent, faisant basculer la frêle coque. La pinasse se retourne, précipitant passagers et effets personnels dans les flots sombres.

Un sauveteur isolé, des secours tardifs

Le conducteur, doyen respecté du village, parvient à agripper quatre enfants et à les maintenir hors de l’eau durant plus d’une heure, jusqu’à l’arrivée des premières équipes de l’Office national de la protection civile (ONPC). Un cinquième enfant sera repêché vivant un peu plus tard. Les recherches de nuit, compliquées par des courants traîtres et une visibilité quasi nulle, se poursuivent jusqu’à l’aube du 22 avril : douze corps inanimés sont finalement remontés à la surface.

Tiaha en deuil

Ce matin, les ruelles sablonneuses du village résonnent de prières, de cris et de sanglots. Sur la grande place, des matrones en pagnes noirs veillent les dépouilles recouvertes de linceuls blancs ; les familles allument des bougies, tandis qu’un silence lourd s’installe. « Nous avons perdu une génération d’espoir », murmure, la voix brisée, Kouassi Awa, porte‑parole des parents endeuillés.

Les autorités ouvrent une enquête

Le préfet de Dabou a mandaté une commission mixte (gendarmerie, ONPC, Affaires maritimes) pour déterminer les causes exactes de l’accident : vétusté de l’embarcation, absence de gilets de sauvetage, surcharge ou défaut d’encadrement. D’ores et déjà, plusieurs ONG locales pointent la faiblesse du contrôle fluvial et l’insuffisance des dispositifs de sécurité sur les trajets inter‑villages.

Appel à la solidarité nationale

Le ministère ivoirien de la Femme, de la Famille et de l’Enfant a dépêché une cellule psychologique à Tiaha. Des collectes de vivres et de dons en numéraire s’organisent à Abidjan et Dabou pour soutenir les familles frappées. « Au‑delà de l’aide d’urgence, il faudra des mesures durables : former les pilotes, imposer les gilets, baliser les voies lagunaires », plaide l’association SOS‑Lagune Sécurisée.

Un drame évitable ?

Chaque saison sèche, des milliers de fidèles empruntent les voies d’eau vers Galilée, haut lieu de retraites spirituelles. Faute d’alternatives routières fiables, les pinasses artisanales restent l’unique moyen de transport. Le naufrage de Tiaha ravive ainsi le débat sur la sécurité maritime intérieure en Côte d’Ivoire : en 2024, l’ONPC avait déjà recensé 27 décès liés à des chavirements similaires sur les lagunes d’Ébrié et de Grand‑Lahou.

Reportage : BC / Top News Africa
Publié le 22 avril 2025

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