Ouganda : Museveni demande pardon après 38 ans au pouvoir, la population reste sceptique

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Le président ougandais Yoweri Museveni et son épouse Janet Museveni

Kampala, 30 mai 2025

Dans un geste aussi inattendu que symbolique, le président ougandais Yoweri Museveni et son épouse Janet Museveni ont demandé publiquement pardon ce week-end pour les « erreurs », le « laxisme » et les « négligences » ayant marqué leurs 38 années à la tête du pays. Cette déclaration, faite lors d’une cérémonie de prière organisée par leur fille, a surpris la nation et ravivé le débat sur l’avenir politique de l’Ouganda à l’approche des élections de 2026.

« En tant que hauts dirigeants du mouvement, nous assumons humblement la responsabilité de toutes les erreurs commises par nous-mêmes, nos agents et nos représentants. Nous sommes donc ici pour nous repentir et implorer votre pardon. »

Ces mots, lus devant une assemblée recueillie, rompent avec le ton habituellement martial du régime Museveni, régulièrement accusé de dérives autoritaires. Le président, au pouvoir depuis 1986 à la suite d’une insurrection armée, a maintenu son règne à travers une série d’élections contestées, émaillées d’accusations de fraude et de répression violente de l’opposition.

Un contexte tendu

Cette demande de pardon intervient dans un climat politique particulièrement tendu. Il y a quelques semaines, le garde du corps du principal opposant Bobi Wine aurait été victime de torture, selon plusieurs sources, attribuant ces actes à Muhoozi Kainerugaba, chef de l’armée et fils du président. Ce dernier a choqué l’opinion en menaçant sur le réseau social X (ex-Twitter) d’expulser tout citoyen qui voterait contre son père en 2026.

Par ailleurs, les récents espoirs suscités par la découverte de 31 millions de tonnes d’or – potentiellement évaluées à 12 000 milliards de dollars – contrastent avec le scepticisme grandissant d’une population habituée aux promesses non tenues.

Sincérité ou manœuvre politique ?

Si certains saluent un rare acte d’humilité de la part du couple présidentiel, beaucoup d’Ougandais y voient une manœuvre politique calculée, destinée à adoucir l’image d’un président de 79 ans qui semble prêt à briguer un sixième mandat, malgré sa promesse, en 2006, de quitter le pouvoir.

« Ce n’est pas le pardon qui manque, c’est le changement », confie un jeune militant de la société civile joint à Kampala.

La cérémonie de repentance, inédite dans l’histoire politique du pays, ne dissipe donc pas les inquiétudes sur l’avenir démocratique de l’Ouganda. Elle soulève au contraire une question fondamentale : ces paroles marquent-elles le début d’une transition sincère ou ne sont-elles qu’un écran de fumée avant une nouvelle campagne électorale sous tension ?

Affaire à suivre.

FasoAmazone.net

 

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