Victimes d’arnaques sentimentales :
Bois-Guillaume/Abidjan -juin 2025.
L’histoire de Marie-José, 82 ans, partie vivre en Côte d’Ivoire avec un jeune homme de 28 ans rencontré sur Facebook, fait froid dans le dos. Mais derrière les apparences d’un bonheur affiché à distance, c’est une famille entière qui crie à l’escroquerie sentimentale sans que la justice ne réagisse.
Un amour virtuel devenu réel, mais à quel prix ?
Veuve, affaiblie par des pertes affectives récentes, Marie-José entame en juin 2024 une relation virtuelle avec un homme se présentant d’abord comme une célébrité. Une imposture vite découverte, mais qui ouvre la voie à un autre contact, « Christ », jeune Ivoirien attentionné, séduisant, et surtout extrêmement persuasif.
En trois mois à peine, elle rompt avec sa vie en France et s’installe en Afrique de l’Ouest, abandonnant son foyer, ses proches, et ses repères. Depuis Abidjan, elle assure être « heureuse » et « amoureuse ». Pourtant, son fils Xavier et ses petits-enfants n’y croient plus.
Un patrimoine vidé, une famille impuissante
« Chaque mois, ses 3 000 euros de retraite partent en 48 heures sur des comptes ivoiriens », dénonce Xavier. Voiture, moto, tentatives de retrait sur une assurance-vie de 50 000 euros… Les signes d’une exploitation financière sont flagrants. Et pourtant, aucune institution n’intervient.
Le parquet de Rouen a classé les plaintes faute de preuve de maltraitance physique. L’ambassade de France à Abidjan considère que Marie-José est « majeure, lucide, et libre de ses choix ».
Mais la question n’est-elle pas plus complexe ?
Sous influence, mais sans protection
« Ce n’est pas parce qu’on ne voit pas de menottes qu’il n’y a pas d’emprise », affirme Me Nadège Fusina, avocate de la famille. « Une personne âgée, isolée, diabétique, et sous dépendance affective mérite une protection renforcée. »
En France, les arnaques sentimentales explosent, notamment chez les seniors. En 2024, une femme pensant discuter avec « Brad Pitt » a perdu 830 000 euros. Ces arnaques s’appuient sur l’isolement, la fragilité émotionnelle, et des procédés bien rodés : usurpation d’identité, mise en confiance, puis demandes d’argent de plus en plus pressantes.
Un appel à l’État, aux ambassades, aux familles
Aujourd’hui, Xavier n’a plus que l’option de se rendre lui-même en Côte d’Ivoire, sans garantie de retrouver sa mère. « Elle ne me parle plus. C’est lui qui répond. Elle nous accuse de vouloir la faire interner. »
Sa petite-fille pleure l’absence d’une grand-mère transformée : « Elle ne viendra pas à mon mariage. Ces escrocs lui ont volé notre mamie. »
Ce drame familial n’est pas un cas isolé. Il interpelle les pouvoirs publics, les associations de protection des personnes âgées, les médias, mais aussi les familles, parfois impuissantes face à une emprise affective qui ruine des vies entières.
Appel à l’action : protéger nos aînés contre les prédateurs sentimentaux
- Aux autorités judiciaires : Revoir les protocoles de prise en charge des personnes âgées isolées à l’étranger.
- Aux consulats et ambassades : Renforcer la vigilance sur les transferts financiers suspects et les signalements familiaux.
- Aux familles : Parler, prévenir, et surtout signaler dès les premiers signes d’isolement ou de changement de comportement.
- Aux médias : Informer et briser les tabous sur ces formes d’exploitation souvent méconnues.
Marie-José dit qu’elle est heureuse. Mais à quel prix ? Et jusqu’à quand ?
Affaire à suivre!