Violence à la Maison Pénale de Bouaké : 5 morts, 29 blessés et un appel urgent à réformer le système carcéral ivoirien

0
41
Camp pénale de Bouaké

Une opération de fouille de routine à la prison de Bouaké a tourné au drame le 3 juin 2025, faisant cinq morts et près de trente blessés. Une situation qui interpelle sur les failles sécuritaires du système pénitentiaire et la nécessité d’une action collective pour sauver la jeunesse et réhabiliter les lieux de détention.

Bouaké, 3 juin 2025

Ce qui devait être une simple opération de sécurisation s’est transformé en scène de violences inouïes. L’Administration pénitentiaire de la Maison Pénale de Bouaké a vu une routine virer au chaos, lorsqu’au cours d’une fouille approfondie, les agents ont été violemment pris à partie par des détenus du Bâtiment E, armés de machettes, gourdins et autres objets contondants.

Selon le communiqué officiel du Procureur de la République près le Tribunal de Première Instance de Bouaké, les fouilles visaient à retirer des objets interdits dans les cellules. Si l’opération s’est déroulée sans accroc dans plusieurs blocs, l’intervention au Bâtiment E a dégénéré, obligeant les agents à tirer des coups de sommation pour se replier en sécurité.

L’arrivée rapide des forces de l’ordre, Police Nationale et Gendarmerie, a permis de contenir la situation, mais le bilan reste tragique : cinq détenus ont perdu la vie, et vingt-neuf personnes ont été blessées, dont six agents pénitentiaires et vingt-trois détenus.

La fouille a néanmoins abouti à la saisie de plusieurs objets dangereux : des blocs de cannabis, des comprimés de Tramadol, dix-huit téléphones portables (dont huit smartphones), des armes blanches, et surtout, trois grenades, pointant du doigt un risque de criminalisation avancée derrière les murs de la prison.

Une alerte rouge sur la sécurité carcérale

Ce n’est pas la première fois que la Maison Pénale de Bouaké est au cœur de révélations inquiétantes sur la prolifération d’armes et de drogues. L’épisode de ce 3 juin met en évidence la fragilité du système pénitentiaire ivoirien et la nécessité d’un diagnostic structurel, tant sur le plan sécuritaire qu’humain.

Des prisons en crise : quelles implications ?
  1. Surpopulation et insalubrité : Les prisons ivoiriennes, comme dans de nombreux pays d’Afrique, souffrent d’une surpopulation chronique, aggravant les tensions internes.
  2. Complicité et corruption internes : La présence de grenades et de drogues interroge sur la porosité du système et d’éventuelles complicités au sein du personnel ou des visiteurs.
  3. Insuffisance de programmes de réinsertion : Faute de véritables politiques de réhabilitation, les prisons deviennent des “écoles du crime” plutôt que des lieux de rééducation.
Que faire ? Contributions et actions recommandées
1. Réformes institutionnelles
  • Renforcement du contrôle et de la formation du personnel pénitentiaire.
  • Installation de systèmes de surveillance modernes (caméras, détecteurs, brouilleurs de téléphone).
  • Révision de la politique carcérale pour une meilleure gestion des détenus violents.
2. Rôle de la société civile et des médias
  • Campagnes de sensibilisation sur les risques de la délinquance auprès des jeunes.
  • Implication des organisations communautaires et religieuses dans l’éducation en milieu carcéral.
  • Valorisation des témoignages d’anciens détenus réhabilités comme outil pédagogique.
3. Appel à l’engagement citoyen et à la jeunesse
  • Renforcement des programmes d’éducation civique et morale dès le jeune âge.
  • Création de clubs de prévention de la violence dans les écoles, quartiers, et lieux de rassemblement jeunesse.
  • Soutien à l’entrepreneuriat des jeunes pour les détourner du crime par des opportunités concrètes.
Conclusion : sauver la jeunesse, humaniser les prisons
L’épisode tragique de Bouaké ne doit pas être un simple fait divers de plus. Il doit servir de réveil collectif. Nos prisons doivent devenir des lieux de réinsertion et non de radicalisation. Et notre jeunesse, cible privilégiée des réseaux de délinquance, doit être protégée, orientée et valorisée.

Ce drame appelle à une réponse nationale, concertée, impliquant État, société civile, familles, religieux, éducateurs et journalistes.

Témoignage d’un ex-détenu 

« Ce n’est pas en durcissant les cellules qu’on sauvera les jeunes. C’est en leur montrant qu’ils ont une seconde chance. Moi, j’ai compris ça trop tard. »

Koudolba

FasoAmazone.net

Source: Abidjan.net

 

LAISSER UN COMMENTAIRE

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.