Burkina Faso face aux chenilles : une menace majeure pour les cultures ou une opportunité de filière innovante ?

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Les chenilles un met prisé par les burkinabés

Ouagadougou, 20 juillet 2025

Le Burkina Faso est confronté depuis plusieurs années à la progagation de la chenille légionnaire d’automne (Spodoptera frugiperda), invasive et destructrice des cultures vivrières telles que le maïs, le riz, le sorgho ou encore le coton. Cette espèce, signalée sur le continent dès 2016 puis confirmée dans tout le pays en 2017, a touché plus de 58 324 hectares pendant la campagne agricole 2017–2018, affectant des milliers de ménages, notamment dans les régions des Cascades, du Sud‑Ouest et du Centre‑Ouest.

Agriculture et sécurité alimentaire menacées

Selon le rapport DIEM‑Impact de la FAO (juillet 2023), environ 12 % de la population burkinabè était en situation de phase 3+ d’insécurité alimentaire, la plus élevée d’Afrique de l’Ouest au second semestre 2022. L’un des facteurs aggravants est justement l’impact de ces invasions sur les rendements en céréales de base, compromettant les moyens de subsistance de nombreuses familles  .

Réactions et stratégies de lutte

Face à l’invasion, l’État burkinabè et ses partenaires ont mobilisé des aides d’urgence comprenant près de 601 millions de F CFA dédiés aux actions de lutte intégrée, pilotées notamment par la Banque africaine de développement et la FAO  . Bien que la lutte initiale repose sur des traitements chimiques massifs — jusqu’à 200 000 litres de pesticides distribués au ministère de l’Agriculture en 2018, les autorités encouragent désormais des méthodes plus durables, notamment biologiques et agronomiques, accompagnées d’une rotation culturale et d’un diagnostic précoce des parcelles  .

Un potentiel valorisant : la chenille de karité (chitoumou)

Parallèlement, une autre espèce de chenille, Cirina butyrospermi (appelée « chitoumou »), présente dans les parcs à karité lors de la saison pluvieuse (juillet–septembre), est traditionnellement consommée grillée et constitue une ressource alimentaire riche (protéines, nutriments) très prisée dans l’ouest du pays. Malgré une raréfaction liée à l’évolution climatique, l’érosion des sols et l’usage excessif de pesticides, des initiatives telles que FasoPro® s’efforcent de structurer une filière durable et sèche la production, transformation et commercialisation des chenilles pour lutter contre la malnutrition et générer des revenus surtout pour les femmes collectrices  .

Impacts sociaux et économiques

La filière chitoumou représente une opportunité de diversification des revenus, en particulier pour des groupes vulnérables (femmes rurales), avec un fort potentiel de création d’emplois locaux et de sécurité nutritionnelle. Des projets comme FasoPro® évoquent des revenus pouvant atteindre 20 000 à 40 000 F CFA/semaine selon les collectrices, ainsi qu’un apport protéique essentiel dans l’alimentation infantile via une poudre enrichie à base de chenilles  .

Enjeux et perspectives

  • Nuire ou nourrir ? L’invasion de la chenille légionnaire représente un danger réel pour la production agricole et la sécurité alimentaire au Burkina Faso.
  • Utiliser le potentiel local : la valorisation des chenilles circulant naturellement, comme celles de karité, peut offrir une alternative nutritionnelle et économique.
  • Approche intégrée : combiner lutte phytosanitaire, pratiques agroécologiques (rotation, jachère) et valorisation locale peut renforcer la résilience des communautés rurales.

Pourquoi ce titre et pourquoi cet angle ?

Le titre capte l’attention en opposant d’un côté la menace agricole représentée par la chenille légionnaire, et de l’autre le potentiel valorisable incarné par la chenille comestible. L’angle permet de faire ressortir à la fois les risques économiques et les opportunités de développement local, social et nutritif.

FasoAmazone.net

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