Les Amazones de Kadhafi : du mythe à l’oubli, que sont-elles devenues après la chute du régime?

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Le Guide Libyen Moammar Kadhafi aux côtés de ses Amazones à Tripoli la capitale

Elles fascinaient autant qu’elles intriguaient. Armées et vêtues de treillis, les Amazones de Kadhafi symbolisaient la face la plus théâtrale du régime libyen. Vingt(20) ans après leur apparition sur la scène internationale et plus d’une décennie après la chute de Mouammar Kadhafi, que sont devenues ces femmes soldats ?

Créée dans les années 1980, la garde rapprochée exclusivement féminine du « Guide de la Révolution » libyen comptait jusqu’à 400 membres. Officiellement désignées comme les Nounes révolutionnaires, elles avaient pour mission de protéger le dirigeant libyen, parfois au prix de leur vie. Leur image, soigneusement entretenue par le régime, projetait celle d’un Kadhafi moderniste et féministe, érigeant la femme en rempart contre ses ennemis.

Mais derrière le mythe se cachait une réalité beaucoup plus sombre. De nombreux témoignages recueillis après la chute du régime ont révélé les abus, viols et violences psychologiques infligés à ces femmes. Certaines auraient été recrutées sous contrainte, promises à des postes d’élite avant d’être livrées aux caprices du dictateur et de ses proches.

En 2011, la chute brutale de Kadhafi signe la fin de cette unité. Les Amazones disparaissent des écrans radar. Certaines prennent la fuite, se réfugient en Europe ou au Moyen-Orient, d’autres sombrent dans la clandestinité, redoutant les représailles ou la stigmatisation. Quelques-unes, comme Zahra Mansour, tenteront de refaire leur vie à l’étranger, souvent en silence.

Des figures emblématiques comme Mabrouka al-Mashat ou Nisrine Gheriyani ont également été citées dans des enquêtes internationales, mettant en lumière leur implication mais aussi leur souffrance. Plusieurs ex-Amazones ont dénoncé des abus sexuels répétés, dont elles affirment avoir été victimes tout au long de leur service.

Aujourd’hui, très peu d’entre elles s’expriment publiquement. Le traumatisme, la honte et la peur d’être associées à un régime honni les ont condamnées au silence. Aucune structure officielle n’a entrepris de reconnaissance ou de réparation. Même l’ancienne académie militaire des Amazones, à Tripoli, a été reconvertie en parc d’attractions, effaçant les traces d’un passé dérangeant.

Le destin des Amazones de Kadhafi reste ainsi un pan méconnu de l’histoire contemporaine libyenne. De victimes instrumentalisées à complices présumées, elles incarnent la complexité des femmes prises dans les engrenages d’un régime autoritaire. Entre mythe, propagande et violence, leur histoire mérite d’être racontée, non pas pour les glorifier, mais pour les comprendre, et peut-être un jour, les réhabiliter.

FasoAmazone.net

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