Ouagadougou, samedi 23 août 2025
C’est sous un ciel lourd d’émotion que des centaines de Burkinabè ont accompagné Alino Faso, de son vrai nom Alain Christophe Traoré, à sa dernière demeure au cimetière municipal de Gounghin. Figure controversée du paysage politique et médiatique burkinabè, l’influenceur et activiste a été enterré ce samedi, un mois après son décès survenu dans des circonstances qui continuent d’interroger l’opinion publique.
Une foule nombreuse pour un adieu solennel
Dès les premières heures de la matinée, proches, amis, personnalités politiques, artistes et simples citoyens se sont retrouvés à l’église Saint-Camille, dans le quartier Gounghin, pour une messe de requiem. L’ambiance était lourde, ponctuée de chants religieux et de prières pour le repos de son âme.
Après la cérémonie religieuse, le cortège funèbre a traversé les rues de Ouagadougou jusqu’au cimetière municipal où il a été inhumé en présence d’une foule émue. De nombreux partisans d’Alino Faso ont brandi des pancartes réclamant « Vérité et justice », rappelant ainsi les circonstances controversées de son décès.

Décès en détention : une affaire qui soulève des questions
Alino Faso, connu pour ses prises de position sur les réseaux sociaux et ses chroniques percutantes, in philanthrope tout fait, avait été arrêté à Abidjan, en Côte d’Ivoire, en juillet dernier. Selon ses proches, il avait été détenu dans une caserne avant que son décès ne soit annoncé le 24 juillet 2025.
Le rapatriement de son corps à Ouagadougou avait suscité une vive émotion et entraîné des appels pressants à une enquête indépendante. Les autorités burkinabè ont ordonné une autopsie, dont les résultats sont attendus pour clarifier les causes de sa mort.

Réactions et régionales
La Confédération des États du Sahel (AES), regroupant le Burkina Faso, le Mali et le Niger, a réagi fermement à travers un communiqué. Elle a dénoncé les conditions de détention de l’activiste et exigé que « toute la lumière soit faite » sur les circonstances de son décès.
Du côté du gouvernement burkinabè, un porte-parole a assuré que « justice sera rendue dans le strict respect des procédures », tandis que des organisations de défense des droits humains demandent que « cet épisode ne reste pas impuni ».
Un héritage militant
Alino Faso, très suivi sur Facebook et TikTok, était connu pour son franc-parler, et sa capacité à mobiliser une large communauté en ligne. Sa disparition marque un tournant dans le paysage médiatique burkinabè, où il incarnait une voix alternative.
Pour sa famille, ses obsèques sont l’occasion de rappeler « qu’au-delà des controverses, Alino était un père, un frère et un fils profondément attaché à son pays ».
Alors que son cercueil repose désormais au cimetière de Gounghin, la population attend les conclusions de l’enquête promise, avec l’espoir que justice soit faite pour celui qui aura marqué le débat public burkinabè, parfois au prix de sa liberté et, tragiquement, de sa vie.