Tchibanga, Gabon
Samedi dernier, la prison centrale de Tchibanga a été le théâtre d’une évasion spectaculaire qui soulève de sérieuses interrogations sur la sécurité et l’état des lieux dans les établissements pénitentiaires du pays.
Une dizaine de détenus se sont évadés après avoir ligoté, pris en otage, puis violemment agressé trois gardiens de prison. Ces derniers, retrouvés avec de multiples hématomes, ont été rapidement pris en charge à l’infirmerie. Leur pronostic vital n’est pas engagé. Trois fugitifs ont été rattrapés dans les heures qui ont suivi, mais les autres sont toujours en cavale, activement recherchés par les forces de sécurité.
Un système pénitentiaire à bout de souffle
Cet incident grave met une fois de plus en évidence les failles structurelles profondes de nos prisons : surpopulation carcérale, manque d’équipements modernes, effectifs insuffisants et conditions de détention indignes. Les gardiens, souvent en sous-nombre et mal formés, doivent faire face à des détenus désespérés, parfois violents, dans des environnements où l’inhumanité engendre la violence.
Humaniser les prisons : un impératif de justice et de sécurité
Il est temps pour le Gabon de passer d’une logique de punition aveugle à une approche humaine et réhabilitative de la détention. Une prison ne devrait pas être une fin, mais un nouveau départ, une étape vers la réinsertion, la réparation et la paix sociale.
L’exemple du Burkina Faso, sous le leadership du Capitaine Ibrahim Traoré (IB), mérite d’être salué et médité. Là-bas, un détenu qui travaille un mois obtient trois mois de réduction de peine. Ce système encourage la discipline, le travail, la dignité et l’espoir. Et surtout, il réduit considérablement les risques d’évasion ou de violence. Car un prisonnier à qui on donne une chance de se racheter n’a plus besoin de fuir : il construit son avenir à l’intérieur des murs.
Plaidoyer pour une réforme en profondeur
Le Gabon doit s’inspirer de tels exemples pour entamer une véritable réforme carcérale :
- Révision du code pénal et du code de procédure pénale pour intégrer les peines alternatives et les réductions de peine pour bonne conduite et participation au travail.
- Mise en place de programmes de formation professionnelle et d’alphabétisation à l’intérieur des prisons.
- Recrutement et formation continue du personnel pénitentiaire, avec un accent sur les droits humains et la gestion des conflits.
- Construction et rénovation des établissements pénitentiaires, pour garantir des conditions dignes et sûres.
Redonner espoir, c’est prévenir la violence
L’évasion de Tchibanga est un signal d’alarme. Mais elle peut aussi être le point de départ d’un changement salutaire. Si l’État gabonais agit avec vision et courage, il peut transformer ses prisons en lieux de reconstruction humaine, où les détenus, au lieu de sombrer dans le désespoir, se relèvent avec dignité, discipline et espoir.
Comme le montre l’exemple burkinabè, une politique carcérale humaine est aussi une politique de sécurité durable.