
En marge des Universités africaines de la communication de Ouagadougou (UACO), les agences de presse du Burkina Faso, du Mali et du Niger ont scellé une alliance stratégique. À travers un protocole de partenariat signé le 2 octobre 2025, les trois pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) s’engagent à mutualiser leurs moyens pour renforcer la souveraineté informationnelle dans la région.
Dans un contexte géopolitique tendu et face à la montée des campagnes de désinformation, les États du Sahel prennent leur destin médiatique en main. À Ouagadougou, le 2 octobre 2025, les directeurs des agences de presse du Burkina Faso, du Mali et du Niger ont signé un protocole de coopération inédit, sous l’égide des ministres de la Communication des trois pays.
L’objectif affiché est clair : bâtir une souveraineté médiatique dans un espace sahélien en pleine redéfinition politique, sécuritaire et institutionnelle. Pour le ministre burkinabè de la Communication, Pindwendé Gilbert Ouédraogo, cette initiative marque « une étape historique » et constitue un véritable réveil pour les peuples de la région. Il évoque « un rêve longtemps nourri » : offrir une parole sahélienne authentique au monde, loin des récits imposés de l’extérieur.
Dans une déclaration forte, il a rappelé les propos du Capitaine Ibrahim Traoré, Président du Faso : « Tant que nous ne contrôlerons pas notre information, d’autres parleront à notre place et définiront notre image. » Ainsi, cette alliance est perçue comme une arme stratégique dans la bataille pour l’influence, la vérité et la souveraineté.
Son homologue malien, Alhamadou Ag Ilyene, a salué une avancée concrète vers une harmonisation des contenus éditoriaux et des outils techniques. Selon lui, cette union permettra de parler d’une seule voix et de mieux coordonner les politiques de communication.
Du côté du Niger, le ministre Adji Ali Salatou s’est montré confiant : la synergie entre les agences apportera des résultats mesurables, tant sur le plan de la production journalistique que sur celui des ressources humaines et matérielles. « La ligne éditoriale sera axée sur les aspirations de nos autorités », a-t-il affirmé.
Cette alliance entre les trois agences de presse de l’AES n’est pas qu’un geste symbolique. Elle a des implications profondes à plusieurs niveaux
Géopolitique et stratégie régionale :
En contrôlant leur propre production médiatique, ces pays entendent s’affranchir de la domination des récits occidentaux ou des puissances extérieures, et affirmer une posture indépendante sur la scène internationale.
Lutte contre la désinformation :
La coopération vise à créer un contre-pouvoir médiatique face aux fake news et manipulations informationnelles qui fragilisent la stabilité politique de la région.
Renforcement des capacités internes :
En mutualisant les ressources humaines, techniques et éditoriales, les agences pourront améliorer la qualité de l’information produite, tout en réduisant les coûts.
Émergence d’un nouveau pôle médiatique sahélien :
Cette alliance pourrait donner naissance à un média transnational influent, capable de rivaliser avec les grands groupes régionaux ou internationaux, notamment dans les domaines du reportage de guerre, de la communication institutionnelle et de la diplomatie publique.
Avec cette coopération inédite, le Burkina Faso, le Mali et le Niger posent les fondations d’un écosystème médiatique sahélien qui reflète leurs ambitions politiques, sécuritaires et culturelles. Une initiative à suivre de près, tant pour ses promesses d’émancipation que pour les questions de gouvernance et de liberté qu’elle soulève.