Dédougou : une fille de 12 ans fuit la maison pour rejoindre son petit ami entre violences familiales et justice

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Le mardi 23 septembre 2025, le Tribunal de grande instance (TGI) de Dédougou a jugé Ahmed (nom d’emprunt), un jeune homme de 19 ans, poursuivi pour enlèvement de mineure. Les faits remontent à juillet 2025 dans les communes de Dédougou et Douroula, dans la région de la Boucle du Mouhoun.

Devant les juges, Ahmed a reconnu les faits. Il explique avoir rencontré Fati (nom d’emprunt), une jeune fille qui, selon ses dires, lui avait affirmé être âgée d’environ 17 ans, bien que son acte de naissance indique 12 ans. Les deux jeunes sont tombés amoureux, et Ahmed avait même envoyé des membres de sa famille demander officiellement la main de Fati. Mais la mère de cette dernière a catégoriquement refusé, justifiant son opposition par une différence de caste.

Malgré ce refus, Ahmed et Fati ont continué à se voir en secret. Pour tenter de mettre fin à cette relation, la mère de Fati a envoyé sa fille à Douroula, chez un oncle, afin qu’elle poursuive sa scolarité loin de Dédougou. Mais Fati a fui ce domicile. Elle a parcouru la distance à pied pour revenir à Dédougou et s’est installée chez Ahmed, où elle a passé deux jours.

À la barre, Fati a expliqué son geste. Elle vivait un climat familial devenu insupportable. Sa mère l’accusait d’être à l’origine du décès de son père, ce qui avait créé une rupture affective et une atmosphère de peur et de rejet. Elle a reconnu être consciente de son âge et du fait qu’elle ne pouvait légalement se marier, mais elle affirme avoir préféré se réfugier chez Ahmed pour fuir cette violence familiale.

Le procureur a souligné la gravité de la situation familiale de Fati, estimant que l’enlèvement n’était que la conséquence d’un profond mal-être. Toutefois, il a affirmé que les faits reprochés à Ahmed étaient bien constitués, même si les circonstances étaient atténuantes. Il a requis 12 mois de prison avec sursis et 500 000 F CFA d’amende ferme.

Finalement, les juges ont condamné Ahmed, le 7 octobre 2025, à 6 mois de prison avec sursis et à une amende de 500 000 F CFA avec sursis également.

Implications et messages de sensibilisation 
Protection des mineures :

Peu importe les apparences ou les affirmations, une personne mineure (surtout de 12 ans) ne peut légalement consentir à une relation amoureuse ou sexuelle. Les adultes doivent impérativement s’assurer de l’âge réel avant toute implication.

Violence familiale :

Le cas de Fati met en lumière un phénomène trop fréquent mais souvent silencieux, les violences psychologiques infligées aux enfants dans leur propre famille. Accuser un enfant d’un décès, le rejeter ou le contrôler de manière excessive est destructeur.

 Poids des traditions et discriminations sociales :

Le refus du mariage à cause d’une différence de caste rappelle combien certaines pratiques coutumières continuent de nourrir l’exclusion, le rejet et la souffrance.

Besoin d’un encadrement social 

Cette affaire montre l’urgence de renforcer l’accompagnement psychosocial des familles, la protection de l’enfance, et l’éducation à la non-violence dans les foyers.

Messages de sensibilisation
  • « Les enfants ne fuient pas leur foyer sans raison. Écoutons-les. »
  • « L’amour ne justifie pas la désobéissance à la loi, mais la violence non plus. »
  • « Un acte illégal peut cacher une détresse réelle. Agissons en prévention. »
  • « Le respect des droits des enfants commence par l’écoute et la compréhension. »

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