Burkina Faso – l’alarme des bébés abandonnés: un fléau qui s’aggrave et interpelle toute la société

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L’amour maternel

Burkina Faso – novembre 2025.

En l’espace de quelques jours seulement, deux nourrissons ont été découverts abandonnés dans des conditions dramatiques, l’un à Fada N’Gourma, l’autre à Kombissiri. Deux histoires différentes, mais un même cri silencieux, celui d’enfants livrés à eux-mêmes dès les premières heures de leur vie. Un phénomène qui, loin d’être isolé, se répète et nécessite de revoir d’une manière accrue l’accompagnement social, familial et sanitaire des femmes et des nouveau-nés. Certes l’État a entrepris et fait des efforts dans ce domaine, mais beaucoup reste encore à faire et à revoir. La société doit prendre à bras le corps le phénomène.

Fada N’Gourma, une mère condamnée après avoir laissé son nouveau-né dans un champ

Le 12 novembre 2025, le tribunal correctionnel de Fada N’Gourma a condamné N.K., 27 ans, à 2 ans de prison ferme et 100 000 F CFA d’amende pour délaissement de nourrisson. Quelques jours plus tôt, elle avait accouché seule dans un champ isolé avant d’y laisser son bébé au sol, sans assistance.

Ce sont les pleurs du petit garçon, entendus par des passants, qui ont permis in extremis de le sauver. Aujourd’hui, il est confié à une famille d’accueil.

À la barre, la jeune femme a expliqué avoir caché sa grossesse, revenue de Côte d’Ivoire, dissimulée sous une burqa. « Ni le père de l’enfant ni ma famille ne savaient », affirme-t-elle, évoquant la mort du géniteur, la honte, la peur, l’isolement.

Le procureur, lui, est catégorique : « Ce que vous avez fait n’a rien d’humain. Vous avez mis en danger des vies ».
Mais derrière la sévérité, une réalité persiste : cette affaire n’est que la partie visible d’un problème bien plus vaste.

Kombissiri : un bébé d’une semaine retrouvé dans la forêt

Le 22 novembre, un nouveau-né de sexe masculin, âgé d’à peine une semaine, a été retrouvé dans les encablures de Kombissiri, enveloppé dans un pagne bleu.

Alertée par un volontaire pour la défense de la patrie (VDP), la police s’est rendue sur les lieux avec des agents de santé et du service social. Le bébé, miraculeusement en bonne santé, a été rapidement transféré au CMA de Kombissiri avant d’être admis dans un Centre d’Accueil pour Enfants en Détresse (CAED).

Une enquête est ouverte. Les parents, eux, restent introuvables.

Un phénomène récurrent : pourquoi tant de bébés sont abandonnés ?

À travers ces deux cas, c’est une alarme nationale qui retentit. Ces derniers temps tout comme depuis, l’opinion  est alertées fait face à une augmentation inquiétante de l’abandon de nourrissons. Les causes sont multiples, complexes, et souvent imbriquées :

1. Les grossesses non désirées et clandestines
  • Grossesses issues de relations instables
  • Violences sexuelles non dénoncées
  • Absence d’éducation sexuelle adaptée
  • Tabou autour de la grossesse hors mariage
2. La pauvreté,ou le manque de moyens 

Des mères sans ressources, incapables de nourrir un enfant de plus.
Des familles qui rejettent une grossesse jugée « de trop ».
Un système de protection sociale à revoir

3. La solitude des femmes

Beaucoup accouchent seules, en cachette d’où sans soutien familial loin des centres médicaux;
Certaines craquent, abandonnées par le père, par la société, par leur communauté.

4. Insuffisance de centres spécialisés et de dispositifs d’accompagnement

Trop peu et à revoir :

  • de foyers mère-enfant
  • de programmes de soutien psychologique
  • de mécanismes d’adoption ou de placement simplifiés
5. Un silence social lourd

Des femmes cachent leurs grossesses par peur du jugement, de la stigmatisation, voire de la violence.

Ce qu’il faut faire maintenant : attaquer le problème à la racine

Il est temps de dire les choses clairement. Un enfant abandonné est un échec collectif, pas seulement la faute d’une mère désespérée.
Il est impératif pour les pays de se doter d’un plan national de protection du nourrisson, articulé autour de plusieurs axes :

1. Prévention et éducation
  • Enseignement obligatoire de la santé sexuelle et reproductive à tous les niveaux
  • Sensibilisation communautaire contre la stigmatisation des mères célibataires
  • Campagnes de proximité dans les villages et les quartiers
2. Soutien aux femmes en détresse
  • Centres d’accueil pour femmes enceintes sans soutien
  • Numéros verts d’urgence
  • Prise en charge psychologique gratuite
3. Renforcement du système social
  • Augmentation des moyens des services de l’action sociale
  • Création de foyers mère-enfant dans toutes les régions
  • Procédures d’adoption accélérées et sécurisées
4. Implication de toute la société
  • Rôle des chefs coutumiers et religieux
  • Mobilisation des OSC et associations féminines
  • Veille citoyenne : signaler, accompagner, protéger
Appel à l’action :
Combien de bébés encore avant de réagir ?

Chaque nourrisson abandonné, retrouvé par miracle, rappelle une évidence : ce drame est évitable. Il est impératif et impérieux d’agir.

Agissons dès à présent

Ne fermons pas les yeux.
Évitons l’impensable et l’irréparable
Nous ne pouvons plus attendre.

L’État, les familles, les communautés, les leaders, les écoles, les médias : tout le monde est interpellé.

Parce qu’un bébé abandonné n’est ni une fatalité, ni un fait divers.
C’est une urgence nationale.

FasoAmazone.net

 

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