Ce vendredi 5 décembre 2025, le soleil de Ouagadougou se levait doucement sur le siège du SP-CNLS-IST. Dans la cour, des chaises alignées attendaient les voix qui allaient raconter, témoigner, alerter.
La Journée mondiale de lutte contre le VIH/SIDA se célébrait en différé, mais l’urgence, elle, ne prenait jamais de retard.

Les premiers arrivants, agents de santé, partenaires techniques, responsables associatifs, se saluaient avec cette complicité forgée par des années de combat commun. Au-delà des badges et des discours officiels, chacun portait un morceau de l’histoire de la riposte burkinabè.
Puis vint le moment du bilan, porté par des chiffres qui racontent un pays qui n’a jamais baissé les bras.
Le Dr Joy Bakory, représentant de l’ONUSIDA, a rappelé le chemin parcouru : d’un taux de prévalence dépassant les 7% il y a encore quelques années à 0,5% aujourd’hui.
Un chiffre qui dit tout.
Un chiffre qui dit surtout les nuits sans sommeil, les campagnes de sensibilisation sous la pluie, les kilomètres parcourus vers les villages reculés.
Un chiffre qui dit la vie.
Mais rien n’a autant marqué l’assistance que le témoignage du porte-parole des personnes vivant avec le VIH. Debout, les mains serrées l’une dans l’autre, il a livré cette vérité nue :
« Vivre avec le VIH, c’est sentir chaque jour le poids du regard des autres.
Mais grâce à la gratuité des soins, beaucoup d’entre nous ont pu retrouver une dignité, un travail, une place. »
Un silence respectueux a suivi. Un silence qui comprenait.

Le Ministre de la Santé, Dr Robert Lucien Jean Claude Kargougou, a ensuite dressé le tableau des défis.
Il n’a pas cherché à les dissimuler :
les financements internationaux en baisse de 30 à 40%, les risques de rupture de services essentiels, la fragilité de la prise en charge pédiatrique, et l’enjeu vital de la transmission mère-enfant.
« Nous devons transformer notre riposte », a-t-il dit. Et dans sa voix, il n’y avait ni fatalisme ni doute. Seulement une promesse.

Car malgré les obstacles, le Burkina a choisi de continuer à avancer.
La preuve : en fin de cérémonie, 13 acteurs ont été décorés, et 18 structures sanitaires félicitées.
Des visages émus ont reçu leurs distinctions : médecins de brousse, animatrices communautaires, laborantins, responsables de centres de santé.
Des femmes et des hommes dont les noms sont rarement cités, mais sans lesquels les 0,5 % ne seraient jamais devenus réalité.

En quittant la cour du SP-CNLS-IST, les invités emportaient avec eux plus qu’un programme ou un discours.
Ils repartaient avec cette certitude que la lutte continue.
Et qu’au Burkina Faso, elle se mène avec courage, humanité et solidarité.
Pascal K.










