Il a tout réussi selon les règles : carrière brillante, mariage fidèle, enfants exemplaires. Pourtant, à plus de 70 ans, ce professeur respecté se retrouve seul, abandonné par ceux pour qui il a tout sacrifié. À travers ce récit poignant, se dessine une réalité sociale inquiétante : la solitude silencieuse des « hommes bien », victimes de la migration, de l’érosion des valeurs familiales et de l’oubli filial.
Brillant, fidèle et dévoué, il a tout donné à sa famille. À plus de 70 ans, ce professeur respecté se retrouve pourtant seul, symbole d’une génération d’« hommes bien » abandonnés par la migration, l’oubli familial et l’érosion des valeurs.
Ils ont tout donné. Ils ont tout respecté. Et pourtant, ils finissent seuls.
Par Dr Modestine Carole Tchatchouang Yonzou – Fille de la République
Un parcours exemplaire… jusqu’à l’oubli
Il a commencé tôt.
Il a excellé.
Premier de sa promotion.
Docteur avant les autres.
Discipliné, rigoureux, irréprochable.
Ni excès. Ni scandales. Ni infidélité.
Il a épousé sa meilleure amie.
Il lui est resté fidèle.
Il a élevé quatre enfants brillants, qu’il a envoyés étudier à l’étranger grâce au fruit de son labeur.
Aujourd’hui, ses enfants vivent confortablement loin de lui.
Mariés. Installés. Réussis.
Lui a plus de 70 ans.
Professeur respecté.
Mais seul, dans le silence de sa cuisine, à préparer de l’eba pour une seule personne.
Sa femme est partie aider leur fille à accoucher.
C’était il y a trois ans.
Elle n’est jamais revenue.
Elle est désormais “retenue” par les enfants, par les papiers, par l’eldorado.
Elle appelle en FaceTime.
Elle écrit dans les groupes familiaux.
Mais son cœur n’habite plus la maison.
Il est devenu célibataire par abandon, et non par choix.
Une tragédie sociale silencieuse
Ce n’est pas seulement l’histoire d’un homme.
C’est le destin silencieux de nombreux “hommes bien”.
Des hommes qui :
- ont respecté les règles,
- ont tenu leurs promesses,
- ont cru que l’amour, le devoir et la loyauté suffisaient.
Mais dans un monde dominé par :
- la migration définitive,
- l’individualisme,
- la réussite à sens unique,
le “bon homme” devient invisible, jetable, remplaçable.
Les questions qui dérangent
Femmes : quand l’ambition efface la promesse
Comment peut-on abandonner un homme qui a tout sacrifié,
après avoir juré :
« Amour et fidélité jusqu’à ce que la mort nous sépare » ?
Quand la réussite personnelle devient-elle plus importante que :
- la loyauté,
- la reconnaissance,
- la vieillesse partagée ?
Enfants : la dette morale oubliée
Comment peut-on abandonner un père qui :
- vous a appris à marcher,
- s’est épuisé pour vous nourrir,
- a travaillé jour et nuit pour vous offrir un avenir meilleur ?
La réussite à l’étranger ne doit jamais être construite sur l’abandon des parents.
Une société en crise de valeurs
Pourquoi sommes-nous devenus :
- si prompts à partir,
- si lents à revenir,
- si incapables de tenir parole ?
Pourquoi l’amour devient-il conditionnel ?
Pourquoi la famille devient-elle optionnelle ?
Implications psychologiques majeures
- Dépression silencieuse chez les hommes âgés
- Isolement émotionnel des pères
- Effondrement du modèle familial africain
- Crise de reconnaissance masculine
- Vieillesse sans accompagnement affectif
Un homme peut réussir socialement et mourir émotionnellement.
Conseils et pistes de réflexion
Pour les couples
- La migration doit être concertée, pas imposée.
- La réussite ne doit pas rompre le lien conjugal.
- L’amour se prouve aussi par le retour.
Pour les enfants
- Visiter ses parents n’est pas un luxe, c’est un devoir.
- Soutenir émotionnellement un père est aussi important que l’argent envoyé.
- La présence vaut plus que les transferts bancaires.
Pour la société
- Valoriser la paternité engagée.
- Briser le tabou de la souffrance masculine.
- Réapprendre la gratitude intergénérationnelle.
Honorer les hommes bien avant qu’il ne soit trop tard
Ils ne demandent pas grand-chose.
Un appel sincère.
Une visite.
Un retour.
Parce qu’un jour,
nous serons tous ce vieil homme dans une cuisine silencieuse,
à espérer que l’amour promis revienne à la maison.










