FESPACO 2017 : Former pour optimiser le potentiel du 7e art africain

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« Aujourd’hui il y a des jeunes cinéastes africains qui sont pleins de talent. Nous allons nous battre pour leur trouver des bourses de formation ». Cette promesse faite en 2013 par la Fédération panafricaine des cinéastes (FEPACI) évoque cet ardent désir de parvenir à l’excellence dans le domaine du cinéma et de l’audiovisuel. Il ne saurait en être autrement, car depuis l’avènement du numérique, l’engouement pour la formation est plus que pressant. Toutes générations confondues de cinéastes, celles des 16 et 35 mm ou non, la même aspiration pour apprendre, se perfectionner ou encore se spécialiser, se développe à la cadence du… « 25 images par seconde ».

Logique implacable, les métiers de l’image et du son, sous l’emprise du phénomène digital, appellent à des ajustages conséquents des filières enseignées. Celles-ci allant de la production, la distribution, l’exploitation et la diffusion voire la conservation des films. Les professionnels eux-mêmes étant vite atteints d’analphabétisme quand les écoles de formation, elles, ont des limites en termes de contenus, d’encadrements et d’équipements. Les normes de l’e-cinéma, le DCP, la distribution et l’exploitation virtuelles dictant inexorablement leur loi à tous ! Autrement, le risque de rater les wagons des débouchés émergeants et porteurs est patent.

Ce TGV du progrès cinématographique et audiovisuel continuera-t-il ainsi sa folle course sans l’Afrique ? Il semble que sans être la locomotive ni dans les voitures de tête, le continent y occupe sa place au rythme des moyens humains, infrastructurels, financiers et logistiques qui sont les siens. En effet des écoles et instituts africains du cinéma et de l’audiovisuel s’implantent avec des fortunes diverses, chacun s’efforçant d’intégrer des modules ou des filières en résonance avec les nouvelles formes de cinéma. Les dispensateurs du savoir se recrutent à la fois dans le rare potentiel de compétence africaine, et en Europe d’où arrive un contingent non négligeable de formateurs.

A côté de ce cadre formel, des offres épisodiques en formation existent à travers l’édifiant exemple des festivals de films. Sensibles aux énormes défis pédagogiques à relever, ils s’y emploient également, à travers des ateliers, des colloques et des master-class enrichissants. En filigrane, ce sont là d’utiles compléments en formation qui permettent de consolider ou d’affiner les capacités et la technicité des bénéficiaires. Le FESPACO n’y échappe pas, lui dont le thème du colloque en 2005 était : « Formation et enjeux de la professionnalisation ». Formelles ou non toutes ces séquences de formation contribueront, ensemble, à aiguiser le professionnalisme des cinéastes africains. Un tel cheminement ne peut que déboucher sur une véritable masse critique dans les divers métiers du cinéma et de l’audiovisuel.

En outre, l’atteinte de l’excellence n’exige-t-elle les Etats et les corporations des cinéastes à jouer aussi leur partition ? Quelles législations les pays africains mettent-ils en place pour faciliter les investissements utiles à la formation aux métiers du cinéma et de l’audiovisuel en pleine mutation ? Quels appuis est-on en droit d’attendre de la coopération bi et multilatérale ou entre écoles africaines de cinéma pour plus d’efficience ? Comment mutualiser les différentes expertises africaines au profit des professionnels ? Nollywood, par exemple, ne peut-il pas partager sa plus-value acquise dans la distribution et l’exploitation virtuelles de ses productions ? Quels gestes forts et concrets peut-on désormais attendre des organisations africaines comme l’Union Africaine, la CEDEAO, la CEMAC, la SADC, l’UMA ou l’UEMOA voire la FEPACI elle-même ?

Que de questionnements autour du thème de la formation, invitant surtout à des réponses pertinentes, pragmatiques et authentiques de la part des professionnels et des tutelles politiques et techniques. Cette XXVe édition du FESPACO espère d’eux la prise de résolutions hardies et volontaristes afin que les pratiques pédagogiques, les meilleures et les plus pointues, soient désormais l’apanage de l’Afrique dans les domaines du cinéma et de l’audiovisuel. Puisse le thème « Formation et métiers du cinéma et de l’audiovisuel », y contribuer puissamment !

Gervais HIEN, Département Presse et Multimédia FESPACO

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