Employée dans la médecine traditionnelle chinoise, la peau du quadrupède alimente un trafic de plus en plus important sur le continent, décrypte notre chroniqueur.
Au même titre que l’ivoire des éléphants, les cornes de rhinocéros ou les écailles de pangolin, la peau des ânes africains est très recherchée par les Chinois. « Nous nous en servons pour produire un sirop qui s’appelle ejiao, nous explique un pharmacien de Pékin. Avec la gélatine qui se trouve dans la peau des ânes, nous fabriquons un tonic sanguin qui permet de soigner toutes sortes de maux comme l’anémie, la toux sèche ou les conséquences de la ménopause… Mais aussi l’insomnie ou la fatigue chronique. C’est un médicament que nous utilisons en Chine depuis de longues années. »
Seulement, l’appétit grandissant pour cette pharmacopée, dont les prétendues vertus ne sont validées par aucune preuve scientifique, a conduit à diviser par deux la population d’ânes en quelques années seulement dans l’empire du Milieu.
Ecorchés vifs
C’est donc vers l’Afrique que la Chine s’est tournée pour s’approvisionner illégalement en peaux et en viande d’âne. Dans des proportions telles que l’ONG Donkey Sanctuary (« sanctuaire pour les ânes ») tire la sonnette d’alarme. Dans un rapport publié au début de l’année, elle appelle à l’interdiction de ce commerce sous peine de voir disparaître le quadrupède africain comme ont quasiment disparu avant lui de nombreuses espèces animales. L’ONG pointe aussi la cruauté dont le mammifère est victime. Sur les plaines du continent, des gangs déciment des troupeaux entiers. Les carcasses sont dépecées sur place, les peaux, arrachées et revendues à des commerçants chinois.
Selon la Société de prévention contre la cruauté animale (SPCA) d’Afrique du Sud, les animaux sont en général volés aux fermiers puis battus à mort à coups de marteau, et parfois écorchés vifs.
Source: lemonde.fr