Terrorisme : Pourquoi le Burkina, pourquoi maintenant et quelles réponses apporter ?

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Colonel Auguste Denise Barry
Le Burkina est aujourd’hui sous menace terroriste en raison de « l’erreur stratégique de l’attaque de la Libye » mais également en raison « des vulnérabilités qui sont exploitées par ceux-là qui ont besoin de situations de ce genre pour s’épanouir ». C’est l’analyse que fait le colonel Auguste Denise Barry, ancien ministre de la sécurité et directeur exécutif du Centre d’études stratégiques en défense et sécurité (CESDS). En raison de la présence de l’aspect « référent identitaire » au cœur des revendications des groupes armées et dans l’optique de répondre à la menace, anthropologues, sociologues et experts en sécurité sont invités à prendre part au colloque, parce qu’ « il faut faire en sorte que tout le monde puisse contribuer dans la recherche de solutions ».

« Descente vers le Sud depuis l’erreur stratégique de l’attaque de la Libye »

Ce qui se passe dans la bande sahélo-sahélienne « d’un point de vue criminalité n’est pas du nouveau ». Selon le colonel Auguste Denise Barry, invité du 20h du 4 septembre 2017 de la Télévision nationale burkinabè, la flambée de la menace terroriste dans la région se nourrit principalement des préoccupations liées au développement des communautés qui y vivent. Celles-ci connaissant des difficultés qui peuvent être liées aux aspects climatiques.

« Cette criminalité se développe, se consolide là où il y a des faiblesses. Il ressort du point, qu’il y a un problème fondamental : la dimension capacitaire des Etats. Les Etats s’assument certes mais moins qu’ailleurs de sorte qu’il se développe là des vulnérabilités qui sont exploitées par ceux-là qui ont besoin de situations de ce genre pour s’épanouir. Et donc là où il y a des faiblesses, des fragilités, les bandes armées en profitent pour des trafics de tout genre », a développé le directeur du CESDS.

Ce ne serait pas la seule explication aux attaques terroristes qui frappent le Burkina de l’avis de cet ancien ministre la sécurité. L’évolution du centre de gravité, sa délocalisation un peu plus vers le Sud s’expliquerait par les rapports de force sur le terrain. Si le point de gravité rencontre une certaine opposition ailleurs, le terrorisme va migrer vers là où il y a des vulnérabilités. « Depuis l’erreur stratégique de l’attaque de la Libye, on remarque qu’il y a eu une descente vers le Sud », analyse-t-il.

« Tous exposés » mais plus résilients les uns que les autres

Il n’est pas exagéré, selon le directeur du CESDS de dire que l’épicentre du terroriste mondial s’est stabilisé au niveau de la bande sahélo-sahélienne. C’est d’ailleurs confie-t-il, ce qui a prévalu à la décision de convoquer cet espace, de convoquer la problématique sécuritaire dans son rapport à cette zone avec en ligne de mire, la recherche de solutions qui pourraient être trouvées à partir d’un diagnostic approfondi.

« Tous les pays sont exposés », a relevé le colonel Barry. Cependant, poursuit-il, « ce qui fait la différence entre les pays, c’est la capacité à trouver la résilience au sein de leur organisation pour rebondir à chaque fois qu’ils sont attaqués ». Mais malheureusement, déplore-t-il, « dans nos Etats, cette résilience tarde à être trouvée ». Toute chose qui complique le passage aux étapes anticipation et prévention. « On ne peut pas aujourd’hui, tête baissée, lutter contre le terrorisme. Ce serait véritablement aller au mouroir », a-t-il dit.

Que faire et comment le faire et avec qui composer ?

Auguste Denise Barry se réjouit qu’il y ait aujourd’hui un « décloisonnement de disciplines ». Un décloisonnement qui permet de recourir aux compétences en place. « Par le décloisonnement des disciplines, il faut faire en sorte que tout le monde puisse contribuer dans la recherche de solutions. Que ce soit le sociologue, le militaire, l’expert en sécurité, l’anthropologue », propose-t-il.

Ne pas minimiser la revendication des espaces pré-coloniaux

« Lorsqu’on regarde les différentes revendications de certains mouvements, ils s’appuient sur des référents identitaires », constate le directeur du CESDS. C’est d’ailleurs ce qui explique le recours aux anthropologues, sociologues et historiens, afin qu’ils livrent leur regard sur le terrorisme. En effet, la question pendante, c’est à travers les approches, est-ce qu’on a suffisamment questionné ces aspects-là (anthropologie, histoire, sociologie) ?

Ces référents identitaires étant collés à la territorialité qui elle interpelle parce que « c’est des espaces d’empires précoloniaux (le Djelgodji, le Macina…) qu’ils revendiquent », il n’y a plus de quoi faire douter l’ancien ministre de la sécurité quant à la démarche à adopter. « Il faut repartir questionner, approfondir ces dimensions et peut-être qu’on trouverait des choses qui n’ont pas jusque-là été trouvées et à partir de là formuler des stratégies ».

Source: Burkina 24

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