La 25e édition de la Journée mondiale de la liberté de la presse insiste sur le rôle de garde-fou des médias

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Moderator Nadia Massih (France 24) with Stephen Dunbar Johnson (The New York Times), Ferial Haffajee (Huffington Post South Africa), Kwame Karikari (Media Foundation for West Africa), Mostefa Souag (Al Jazeera) and Gwen Lister (The Namibian Media Trus © Presidency Ghana

Neuf cent participants venus des toutes les régions du monde ont pris part à la célébration phare de la Journée mondiale de la liberté de la presse, qui s’est tenue du 2 au 3 mai à Accra (Ghana). Environ 90 nationalités étaient représentées à l’occasion de cet événement organisé par l’UNESCO et le gouvernement ghanéen.

Durant deux jours, les participants ont évoqué le rôle de garde-fou que joue le journalisme. Ils ont aussi exploré les relations entre les médias, la justice et l’Etat de droit.

L’un des temps forts de l’événement a été la remise du Prix mondial de la liberté de la presse UNESCO/Guillermo Cano au photojournaliste égyptien Mahmoud Abu Zeid connu sous le nom de Shawkan. Emprisonné depuis 2013, après avoir été arrêté alors qu’il couvrait des émeutes, il encoure la peine de mort.

La cérémonie de remise du Prix était organisée par le Président de la République du Ghana, Nana Akufo-Addo et le Directeur général adjoint de l’UNESCO, Getachew Engida.

Au cours de la cérémonie, Le Président Nana Akufo-Addo a déclaré que les Ghanéens défendraient toujours le droit à la liberté d’expression, en raison de leur détermination à construire une société libre et ouverte dotée d’une gouvernance responsable. En référence à l’abrogation de la loi sur la diffamation au Ghana en 2001, Nana Akufo-Addo a déclaré : « Je préfère de loin les médias d’aujourd’hui bruyants, tapageurs et parfois calomnieux aux médias d’hier monotones, élogieux et flatteurs. Les médias ghanéens ont en fait enrichi la gouvernance de la nation par leur curiosité, leurs techniques d’enquête et leur ténacité ».

 UNESCO/Guillermo Cano World Press Freedom Prize awarded to Mahmoud Abou Zaid © Presidency Ghana

UNESCO/Guillermo Cano World Press Freedom Prize awarded to Mahmoud Abou Zaid
© Presidency Ghana

A l’ouverture de la conférence, Nnenna Nwakanma, Responsable principale des politiques à la Fondation World Wide Web, a rappelé aux participants l’importante transformation qui s’est opérée dans le paysage médiatique depuis 1991, lorsque l’adoption de la Déclaration de Windhoek sur les médias libres, indépendants et pluralistes s’est traduite par la proclamation de la Journée mondiale de la liberté de la presse. A l’époque, Internet était une idée pour beaucoup alors qu’à la fin de l’année 2018, pour la première fois dans l’histoire, 50% du monde sera connecté. Pour Nnenna Nwakanma, cela signifie « De nouveaux auteurs. De nouveaux éditeurs. De nouveaux outils. De nouveaux diffuseurs. De nouveaux lecteurs. De nombreuses opportunités. La possibilité d’être plus connectés. Plus de possibilités de rendre public. La possibilité de faire plus ».

Au cours de la deuxième session plénière, les intervenants ont abordé la question des risques qu’encourent les journalistes d’investigation, notamment lorsqu’ils couvrent les affaires de corruption et les malversations politiques. Stephanie Busari, rédactrice numérique pour le bureau Afrique de CNN, a résumé l’esprit de la discussion par ces mots : « Vous pouvez tuer mais vous ne pouvez pas tuer les histoires ». Pendant la séance plénière, Stephanie Busari a été rejointe par Jose Ugaz, ancien procureur spécial au Pérou ; Oluwatoyosi Ogunseye, chef du bureau de l’Afrique de l’Ouest à la BBC World Service ; Will Fitzgibbon, du Consortium des journalistes d’investigation, Petra Caruana Dingli, journaliste à Malte et Job Rabkin, rédacteur en chef de l’équipe d’investigation de Channel 4.

Dans son intervention, Job Rabkin a évoqué le travail d’enquête de son équipe sur Cambridge Analytica, qui a mis au jour les méthodes douteuses de la société d’analyse de données qui s’employait à influencer les résultats des élections, notamment ceux de la dernière campagne présidentielle américaine. Son discours a coïncidé avec l’annonce de la fermeture de Cambridge Analytica, qui vient de faire faillite. Il a rappelé aux participants que la technologie évolue à un tel rythme et se diffuse à une telle vitesse que dans bien des pays, la législation ne peut pas suivre. « Cela signifie que nous, la presse, sommes souvent la dernière ligne de défense », a-t-il ajouté.

A l’issue de la Conférence, les participants ont adopté la Déclaration d’Accra qui appelle les Etats membres de l’UNESCO à instaurer des mécanismes nationaux spécifiques pour garantir la sécurité des journalistes et respecter les décisions judiciaires rendues par des cours régionales des droits humains. Elle appelle aussi l’UNESCO à poursuivre son travail pour renforcer la formation des journalistes dans le domaine de la sécurité numérique.

L’exposition annuelle de World Press Photo a présenté le temps de la conférence le travail des lauréats de l’un des prix de photojournalisme parmi les plus prestigieux et reconnus. Parallèlement, l’UNESCO et le Collectif allemand d’artistes Wahrheitskämpfer (Les Combattants de la vérité) a exposé les portraits de 50 journalistes tués.

La Rédaction des jeunes, composées de 40 jeunes journalistes du monde entier, a assuré une couverture spéciale de l’événement.

Une centaine d’événements organisés par l’UNESCO et d’autres organismes dans le monde entier ont marqué les célébrations de cette édition de la Journée mondiale de la liberté de la presse.

Source: fr.unesco.org

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