Le manque de représentativité des femmes dans les instances décisionnelles du gouvernement, soulèvent beaucoup d’inquiétudes au niveau des femmes. Les femmes sénégalaises élèvent de la voix contre le non respect de la parité. Pour certaines, cela relève surtout d’une « misogynie d’État » reléguant les femmes à l’arrière-plan.
Toutes obédiences, milieux sociaux mais aussi d’un certain âgés, aussi bien femmes qu’hommes constituent ce mouvement car « cela dépasse largement les principes et valeurs féministes », précise Mme Gueye Sene.
Vue comme une « régression » par de nombreuses citoyennes sénégalaises, les critiques dénoncent un « manque de volonté politique ». « Il y a énormément de femmes compétentes dans tous les secteurs. L’argument d’absence de femmes compétentes pour occuper ces postes est une excuse.
Les compétences d’une femmes sont toujours questionnées, mais la question ne se pose jamais pour les hommes. Le fait d’être un homme semble suffisant ! » pointe Arame Gueye Sene. Elle souligne ainsi l’importance de déconstruire les clichés et stéréotypes, encouragés par les facteurs socioculturels, reflet du patriarcat de la société sénégalaise. « Certaines femmes ne voient pas le problème et trouvent des excuses… Il y a un manque d’informations évident, notamment sur les luttes qui ont permis d’acquérir les droits des femmes », développe-t-elle.
Le collectif de féministes du Sénégal s’était également ému « de la faible représentativité des femmes dans le gouvernement du Sénégal ». Une déception accentuée ensuite par les nominations dans les agences et sociétés étatiques : sur plus d’une quinzaine de postes, seuls deux ont été confiés à des femmes. « Le gouvernement semble nous dire qu’il se fiche de nos revendications. Il est dans une logique d’invisibilisation des femmes, elles sont effacées de l’espace politique », regrette Aminata Libain Mbengue, psychologue, féministe radicale et membre de ce collectif. Elle fustige la nomination de femmes à des « postes moindres », exception faite du ministère des Affaires étrangères, ou s’inscrivant dans « la continuité des rôles maternels ».
Malgré les critiques et la mobilisation depuis plus d’un mois, le gouvernement reste silencieux et aucune rencontre entre le chef de l’État et la société civile féminine sénégalaise n’a eu lieu jusqu’à présent. « Est-ce du mépris ? » s’interroge-t-elle avant d’assurer que cela relève surtout d’une « misogynie d’État » reléguant les femmes à l’arrière-plan.
Pourtant, « nombre d’entre elles se sont battues dans le Pastef (parti politique fondé par le président Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko). Mais une fois qu’ils ont accédé au pouvoir, le partage s’est fait entre les hommes. On a vu des réunions 100 % masculines. C’est un boys’club ! » souligne-t-elle.
Nelessi