Le monde du cinéma africain est en deuil avec la disparition de Souleymane Cissé, réalisateur malien emblématique, survenue le mercredi 19 février à Bamako au Mali, à l’âge de 84 ans. Véritable patriarche du septième art en Afrique, il laisse derrière lui une œuvre riche et engagée qui a marqué des générations de cinéastes et de cinéphiles.
Né en avril 1940, Souleymane Cissé a dédié sa vie au cinéma et à l’art, mettant en lumière les réalités africaines à travers ses films. Il s’était imposé sur la scène internationale avec « Yeelen », qui lui valut le Prix du Jury au Festival de Cannes en 1987. Ce chef-d’œuvre, imprégné de traditions mandingues et de symbolisme, reste une référence incontournable du cinéma mondial.
En 2023, Cannes lui rendait à nouveau hommage en lui décernant le prestigieux Carrosse d’Or lors de la Quinzaine des Cinéastes, une distinction célébrant l’ensemble de sa carrière et son influence incontestable sur le cinéma africain. Pourtant, Cissé restait humble quant à son rôle de patriarche du cinéma du continent, affirmant que ses œuvres demeuraient toujours d’actualité et dénonçant la faible visibilité des films africains sur les scènes occidentales.
Son engagement allait au-delà de la réalisation. Il militait pour une reconnaissance accrue du cinéma africain, dénonçant les politiques culturelles peu favorables au développement du secteur dans des pays comme le Mali et le Niger. Toutefois, il gardait espoir en la nouvelle génération de cinéastes africains, convaincu qu’ils poursuivraient son combat et porteraient encore plus haut le flambeau du cinéma africain.
Jusqu’à ses derniers jours, Souleymane Cissé restait actif dans le milieu du cinéma. Il devait présider le jury « fiction long métrage » du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) 2024, qui s’ouvrira le 22 février 2025, au Burkina Faso. Son absence laissera un grand vide, mais son héritage demeure un phare pour les créateurs du continent.
Avec la disparition de Souleymane Cissé, le Mali et l’Afrique perdent un artiste visionnaire, un conteur hors pair et un défenseur infatigable de la culture. Son œuvre continuera d’inspirer, de questionner et de faire rayonner le cinéma africain à travers le monde.
Doloman
