À l’initiative de l’ONG Christian AID et de l’Alliance Technique d’Assistance au Développement (ATAB), une trentaine de journalistes ont bénéficié d’un atelier de formation à Koudougou (région du Centre-Ouest) du 19 au 21 septembre 2024, axé sur la budgétisation sensible au genre. Cette session, présidée par l’Honorable Sangouan Léonce SANON, Chargé du plaidoyer et des politiques pour la justice économique à Christian AID, avait pour but de renforcer la compréhension des professionnels des médias sur l’importance du genre dans les politiques publiques.
Mais que signifie exactement le genre, et pourquoi faut-il budgétiser en tenant compte du genre ?
Le genre : une notion au-delà du sexe biologique
Contrairement à ce que l’on pense souvent, le genre ne se limite pas aux différences biologiques entre les hommes et les femmes. Il fait référence aux rôles sociaux, aux comportements, aux attentes et aux responsabilités que les sociétés attribuent aux individus en fonction de leur sexe.
Autrement dit, le genre est une construction sociale qui évolue selon les époques, les cultures et les contextes. Il concerne à la fois les hommes et les femmes. En parlant de « genre », on reconnaît que les deux sexes peuvent être affectés différemment par les politiques publiques et les décisions économiques, en raison de leurs rôles sociaux distincts.
Pourquoi faut-il « porter des lunettes genre » ?
Porter des lunettes genre, c’est analyser toute situation sociale, politique ou économique en tenant compte de l’impact différencié sur les hommes et les femmes. Cela permet d’identifier :
- Les inégalités existantes,
- Les besoins spécifiques des femmes et des hommes,
- Les barrières que chacun peut rencontrer,
- Les opportunités pour favoriser une plus grande équité.
Sans cette approche, les politiques publiques, les projets de développement ou les budgets risquent de renforcer des inégalités déjà existantes au lieu de les réduire.
La budgétisation sensible au genre : un outil pour plus d’équité
La budgétisation sensible au genre consiste à intégrer une analyse genre à chaque étape du processus budgétaire : de la planification à l’exécution en passant par l’évaluation. L’objectif est d’assurer que les ressources publiques répondent équitablement aux besoins des hommes et des femmes, et contribuent à corriger les déséquilibres sociaux.
Par exemple, un budget qui prévoit de construire des écoles dans des zones rurales doit intégrer la question du genre :
- Les écoles sont-elles accessibles autant aux filles qu’aux garçons ?
- Des mesures sont-elles prévues pour lutter contre l’abandon scolaire des filles ?
- Les installations sanitaires sont-elles adaptées aux besoins spécifiques des jeunes filles ?
En posant ce type de questions, on évite de financer des projets qui, malgré de bonnes intentions, pourraient aggraver les discriminations existantes.
Être « genre sensible » : un devoir d’équité
Être genre sensible signifie être conscient que les besoins, les capacités et les obstacles des femmes et des hommes peuvent être différents, et agir en conséquence pour promouvoir l’égalité des chances et l’équité. Cela ne veut pas dire traiter tout le monde de manière identique, mais adapter les actions pour atteindre une véritable justice sociale.
En résumé, comprendre le genre, intégrer une lecture sensible au genre et pratiquer la budgétisation sensible au genre sont essentiels pour bâtir des sociétés plus justes et inclusives. À travers des ateliers de renforcement comme celui de Koudougou, les journalistes deviennent des acteurs clés de cette transformation, capables de sensibiliser l’opinion publique et d’influencer positivement les politiques publiques.
Horossi
