
Bamako, 24 avril 2025 .
Le suicide tragique d’Awa Diarra, élève en Terminale Sciences Exactes au Complexe Scolaire et Universitaire Privé Bagnélé Diarra, bouleverse profondément le Mali. Ce drame, survenu le 24 avril 2025, révèle une détresse psychologique silencieuse, mais bien réelle, que vivent de nombreux jeunes aujourd’hui.
À travers sa lettre d’adieu, Awa a livré un cri du cœur : solitude, abandon, manque d’amour, rejet social… Autant de blessures invisibles qui ont fini par la briser. Son geste n’est pas un acte isolé. Il illustre une urgence sociale : le mal-être psychologique des enfants et adolescents, souvent ignoré, banalisé, ou stigmatisé.
Un appel collectif à la responsabilité
Face à cette tragédie, une prise de conscience s’impose à tous les niveaux de la société. Car la souffrance psychique des jeunes n’est pas une faiblesse, mais un appel à l’aide. Un appel que nous avons, trop souvent, laissé sans réponse.
Aux autorités publiques : investir dans la santé mentale scolaire.
Intégrer des espaces d’écoute et de soutien psychologique dans tous les établissements scolaires, publics et privés.
Recruter et former des psychologues scolaires qualifiés, disponibles pour accompagner élèves, enseignants et familles.
Intégrer l’éducation émotionnelle et relationnelle dans les programmes scolaires afin d’apprendre aux jeunes à exprimer leurs émotions, gérer le stress, l’anxiété et les conflits.
Décréter une journée nationale de sensibilisation à la santé mentale des jeunes, avec des campagnes régulières sur tout le territoire.
Aux établissements scolaires : créer des environnements bienveillants.
Instaurer des clubs d’écoute, d’expression libre et de développement personnel dans les lycées et collèges.
Former le personnel éducatif à la détection précoce des signes de détresse psychologique chez les élèves.
Favoriser une pédagogie basée sur l’encouragement, la valorisation des efforts, et non sur la pression ou les humiliations.
Collaborer avec les services sociaux, les ONG et les spécialistes pour offrir un encadrement complet.
Aux familles et parents d’élèves : être présents, à l’écoute, aimant.
Écouter ses enfants, sans juger ni minimiser leurs émotions.
Encourager le dialogue ouvert et régulier à la maison sur les sujets sensibles (stress, échec, harcèlement, etc.).
Éviter les comparaisons destructrices et les attentes irréalistes qui génèrent pression et frustration.
Considérer que demander de l’aide psychologique pour son enfant n’est pas une honte, mais un acte d’amour et de responsabilité.
À la société toute entière : changer de regard sur la souffrance mental.
Briser les tabous et les croyances stigmatisantes autour de la maladie mentale, de la tristesse, ou du suicide.
Valoriser les initiatives communautaires d’écoute et de soutien aux jeunes.
Cultiver une culture d’empathie, de solidarité et de respect de la dignité humaine.
Impliquer les médias, les leaders religieux et communautaires dans des campagnes de sensibilisation sur le bien-être psychologique.
Awa, symbole d’un combat collectif
Awa Diarra est partie, mais son message nous reste. Il nous implore de regarder autrement nos enfants, nos élèves, nos frères, nos sœurs. D’agir pour que plus jamais une jeunesse ne se perde dans l’indifférence. Pour qu’il y ait plus d’amour dans les familles, plus d’écoute dans les écoles, plus d’empathie dans la société.
Agissons, maintenant.
Horossi