AMOUR : l’important écart âge entre la première dame et le président de la République contribue à normaliser ce genre de couples « atypiques » dont le nombre ne cesse d’augmenter en France…

Ils ont vingt-quatre ans d’écart, ce qui a fait couler beaucoup d’encre. Le couple qu’Emmanuel Macron forme avec son épouse Brigitte ne cesse d’intriguer. Il casse les codes, brise un tabou, pousse la société à s’interroger sur la diversité des schémas familiaux.

Et si leur tandem est encore considéré comme atypique, les couples où l’homme est plus jeune que la femme sont pourtant de plus en plus nombreux : « Ils représentaient 10 % des couples de sexe différent formés en 1960, contre 16 % de ceux formés dans les années 2000. Et en 2012, parmi les couples vivant ensemble, l’homme était plus jeune que la femme dans 14 % des cas », souligne Marie Reynaud, chef de l’unité des études démographiques et sociales à l’Insee.

« Nous ne pensons pas du tout à notre différence d’âge »

Une évolution dont témoignent certains de nos internautes qui ont répondu à notre appel à témoins : « J’ai 29 ans et je suis en couple avec un homme de 21 ans. Beaucoup de femmes autour de moi sont dans cette situation. Personnellement, je l’assume pleinement. J’ai même un petit garçon avec mon conjoint, et cela fait trois ans que nous sommes ensemble », confie Vanessa. Un même enthousiasme décomplexé chez Martine : « Nous avons plus de dix ans d’écart et c’est moi la plus âgée. Cela fait dix-sept ans que nous vivons ensemble et, depuis le 10 juin, nous sommes mariés. Nous ne pensons pas du tout à notre différence d’âge. Ce sont plus les gens qui nous y font penser parfois avec certaines réflexions. » Idem pour Marjorie : « J’ai vingt-quatre ans d’écart avec mon homme, bientôt neuf ans d’amour, un petit garçon de 4 ans et l’année prochaine, pour nos dix ans, nous allons nous marier », annonce-t-elle. Cette progression des couples où la femme est plus âgée que l’homme « s’explique par une évolution de la société », indique Marie Reynaud. « Dans les années 1950, les femmes avaient tendance à se marier avec des hommes plus âgés qu’elles, car ils étaient déjà établis et que cette union permettait aux femmes de prendre leur indépendance. Maintenant que la majorité des femmes travaillent, elles n’ont pas de raison particulière de prendre un conjoint plus âgé. Elles jouissent d’une plus grande liberté dans le choix de leur conjoint, ce qui rend plus possible le partage de leur vie avec un homme plus jeune », analyse Milan Bouchet-Valat, sociologue du couple à l’Ined.

« Un pas franchi vers l’égalité des sexes »

Même son de cloche chez Jean-François Mignot, démographe au CNRS : « d’une génération à une autre, les Français sont de plus en plus libéraux. La mentalité occidentale évolue vers l’idée que chacun doit pouvoir vivre comme il l’entend, du moment que cela ne nuit pas aux autres. Ce qui explique que les couples considérés comme atypiques sont de mieux en mieux acceptés », estime-t-il. « Le fait que les femmes osent s’afficher avec des hommes plus jeunes qu’elles, témoigne aussi d’un pas franchi vers l’égalité des sexes. C’est une manière de remettre en cause le modèle du mâle dominant accompagné d’une femme plus jeune que lui », poursuit-il.
Si les hommes jeunes hésitent moins à s’afficher avec des femmes plus mûres, « c’est aussi parce que nombre d’entre elles ont une bonne hygiène de vie et de l’énergie à revendre. Elles ont des corps toujours attirants et possèdent une maturité, une disponibilité et un niveau de vie qui les rendent séduisantes pour les hommes, y compris ceux qui sont plus jeunes qu’elles », affirme Florence Lautrédou,psychanalyste spécialiste du couple et auteure de L’Amour, le vrai.

Le couple Macron « normalise ce type d’union »

Mais si les mentalités avancent, cela ne signifie pas pour autant que les couples où l’homme est plus jeune que la femme, ne subissent plus de railleries. « Certains s’imaginent encore que si un homme vit avec une femme sensiblement plus âgée que lui, c’est parce qu’il se fait entretenir par elle. Une femme plus mûre que son conjoint va, elle, être suspectée de n’avoir choisi son conjoint que pour son physique et d’être une femme débridée sexuellement », observe le démographe Jean-François Mignot.
Des stéréotypes qui font du mal aux principaux intéressés. « Ces couples-là suscitent aussi une certaine jalousie. Certains de leurs détracteurs voudraient s’autoriser cette même liberté dans le choix de leur conjoint mais ont peur de l’opprobre », analyse la psychanalyste Florence Lautrédou. Dans ce contexte, la surmédiatisation du couple Macron ne peut avoir qu’un effet bénéfique, affirme Milan Bouchet-Valat : « La forte visibilité de ce couple participe forcément à une meilleure acceptation par la société des personnes qui vivent la même chose », indique le sociologuue de l’Ined. Florence Lautrédou est du même avis : « La mise en valeur du couple Macron est un formidable cadeau à tous ceux qui vivent la même situation. Leur indéniable complicité et l’intensité de leur relation sont un pied de nez à toutes les critiques. Leur union dure depuis vingt-cinq ans, ce qui prouve que ce type d’histoires d’amour peut s’inscrire dans la durée. Cela crée un « remodèle » du couple, cela décomplexe, cela « normalise » ce type d’union. Je suis sûre que, grâce à cet exemple inspirant, certaines femmes plus âgées vont même s’autoriser à vivre une histoire d’amour avec un homme plus jeune et réciproquement », assure-t-elle.

Source : 20minutes.fr

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