Ceci fait office de déclaration du Cadre d’Expression Démocratique (CED) sur le procès du putsch du 16 septembre 2015. Le document signé de son président Pascal Zaïda, le Cadre d’Expression Démocratique affirme que « les nuages annonciateurs d’un procès équitable sont en train de disparaître avec le refus du parquet militaire d’accéder à la requête des prévenus d’appeler à la barre certains témoins du putsch ».
Les nations, les Etats arrivent souvent à un carrefour où s’entrechoquent des événements qui participent à construire l’histoire. Cette histoire doit se construire sans passion et dans la vérité. Ainsi, le procès du putsch manqué du 16 septembre 2015 qui s’ouvrira le 27 février 2017 fait partir de ces événements. Un procès qui se tient, faut-il le préciser, dans un contexte national où le pouvoir s’adonne à la délation et à la prise de décisions scélérates.
En ce qui nous concerne, ce moment tant entendu nous revêt un caractère important en ce que le Cadre d’Expression Démocratique (CED) a toujours exigé le jugement diligent du dossier, faute de quoi, libérer les détenus dont le séjour dans les geôles devenait de plus en plus insensé.
C’est pourquoi, à la veille de l’ouverture de ce procès, nous interpellons les autorités judiciaires à administrer une justice équitable. Cette interpellation tient du fait que comme nous l’avons toujours souligné, le tribunal militaire est un tribunal d’exception avec une présence active des acteurs politiques dont le ministre de la Défense nationale et des Anciens combattants, le ministre de la justice et le Président du Faso. Cette mainmise du politique sur le tribunal risque de dénaturer le droit et notre inquiétude est d’autant plus fondée que durant l’instruction du dossier, des décisions pseudo-politiques ont été prises par moment. Lesquelles décisions étaient contraire au droit, car n’ayant pas résisté à des groupes de pressions inquiets de l’application stricte de la loi. Tout simplement, parce que cette loi est déplaisante, dérangeante, donc inquiétante pour le pouvoir. D’où notre invite afin que le droit ne s’en trouve pas affaibli lors du procès par le fait du politique.
Malheureusement, les nuages annonciateurs d’un procès équitable sont en train de disparaître avec le refus du parquet militaire d’accéder à la requête des prévenus d’appeler à la barre certains témoins du putsch. Si tant est que l’essence du procès réside dans la volonté de servir au peuple à quelque niveau que ce soit, la vérité, il est fondamental que tous les témoins cités, sans distinction socio-professionnelle, puissent passer à la barre pour que les faits soient rétablis dans leur contexte afin que la vérité éclate. La présence de tous les témoins à l’audience est capitale, car ce sera l’occasion de confondre tous les acteurs afin que se taisent les allégations, afin qu’on restitue tous les faits. Ce sera que justice rendue. Car l’audience sera dite, preuve contre preuve et non des commentaires des politiciens en perte de notoriété. Il ne doit aucunement avoir deux catégories de témoins pour peu qu’on veuille que la vérité éclate.
Un procès ne se tient pas pour plaire ou déplaire à quiconque encore moins à un parti politique et à ses militants. Un procès se tient pour rétablir la vérité. Donc la justice militaire doit aller dans ce sens et non dans le sens des politiciens qui veulent toujours gagner sans avoir raison.
Enfin, toujours dans le sens d’une bonne administration de la justice, nous exigeons la retransmission en directe sur les chaines des médias d’Etat, l’audience. Cela permettra à tous les Burkinabè de suivre ce dossier que des politiciens de façon éhontée tentent d’instrumentaliser pour se faire une cure de jouvence.
Ouagadougou, le 21 février 2017
Le Coordonnateur National
Pascal ZAIDA
NB : le titre et le chapeau sont du journal