Société :  Le post de Nestorine SANGARE qui déchire la toile ! ce qui se cache .

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L’histoire se passe au Centre Culturel Allemand Goethe-institut de Ouagadougou où l’Ancienne ministre de la promotion de la femme, Nestorine Sangaré prenait part à un panel sur le thème « féminisme en Afrique, mode ou réalité ? ». Un très beau débat qui parle de l’homosexualité, de Lesbiennes, de Transgenres, d’Hermaphrodites … bref des déviances de notre société. Malheureusement,  les débats ont tourné courts et au vinaigre puisque la panéliste a décidé de porter plainte contre Goethe-institut pour atteinte à sa liberté d’opinion. Le récit avec Nestorine SANGARE/ COMPAORÉ

J’ai été invitée par l’Institut Goethe pour rendre part à un panel de discussion sur le féminisme en Afrique, mode ou réalité. Comme vous voyez c’est un thème vraiment global. Je devrais échanger sur ce panel avec d’autres femmes qui ne partagent pas nécessairement les mêmes points de vue que moi parce qu’il y avait des féministes déclarées. Et mon avis sur le féminisme était que je ne me considère pas féministe ; mais plutôt comme humaniste. Et j’ai expliqué pourquoi.

Pendant les discussions, quelqu’un a posé la question sur la sororité . C’est une idée qui prévaut chez les féministes selon laquelle toutes les femmes du monde sont des sœurs. Là, j’ai marqué mon désaccord. Et j’ai dit que je ne me considère pas comme sœurs de celles qui sont dans le pays qui briment les droits de mon pays, qui ne se plaignent pas et qui ne défendent pas mes droits. Je ne me considère pas non plus comme sœurs, celles qui ne partagent pas mes valeurs mais qui en même temps, veulent m’imposer leur façon de vivre. Parce qu’à mon avis, ça doit être réciproque. De même que je ne considère pas comme sœurs les situations dans lesquelles, pour des raisons géopolitiques internationales, certaines multinationales sont en train de s’installer dans nos pays et contraignent les femmes à des activités très pénibles ; que ce soit dans la production du coton ou d’autres matériaux tel le beurre de karité par exemple,  pour satisfaire le besoin des femmes occidentales. Mais les exigences de qualité de ces femmes occidentales sont telles que les femmes d’ici doivent travailler de plus en plus dur et dans des conditions très dégradantes afin de répondre à leurs exigences et à leur standard de vie. Dans de telles conditions, peut-on dire qu’on est sœurs ? Les conditions dans lesquelles travaillent effectivement les femmes d’ici pour faire sortir des produits sans impureté dans le coton bio par exemple, méritent qu’on défende leurs droits dans cette chaine de production. Et quand cela n’est pas fait, j’avoue que j’ai un problème parce que je ne peux pas considérer ces femmes fussent-elle féministes et militantes des droits des femmes dans leur propre pays. Nous n’avons pas les mêmes besoins ni les mêmes problèmes ! J’ai juste parlé comme ça sans évoquer quoi que ce soit d’autres…

C’est en ce moment qu’une dame pardon, un homme présent dans la salle est intervenu pour me demander « Est-ce que je considère les Lesbiennes, les Transgenres, les Hermaphrodites comme étant mes sœurs ? ». Selon lui, il est Rwandais, il est transgenre et il a fait sa transition sexuelle et que maintenant, il s’appelle « Solange ».

Choquée sur le champ, je lui ai répondu par la négative. «  Non, je ne me considère pas sœur avec les Lesbiennes, les transgenres et autres … » dans la mesure où nous n’avons pas du tout la même vision du monde. Je ne partage pas non plus  les valeurs de l’homosexualité en tant que pratique et je ne porte pas la cause des homosexuels dans la mesure où je défends déjà les droits élémentaires des femmes et des filles de chez moi notamment, les droits de ne  pas être violentées physiquement à cause du sexe qu’elles portent à la naissance. Mais je ne me vois plus aller m’adhérer à d’autres causes, notamment celle de l’orientation sexuelle.

A la fin du panel, je suis allée saluer la Directrice de l’Institut qui se tenait d’ailleurs à côté du Monsieur ( le transgenre) qui m’a encore interpellée sur ses préoccupations. Je lui ai encore répondu clairement en  disant que « si vous vous présentez à moi comme étant un transgenre et vous me demandez de vous appeler ma sœur, c’est une folie à mon sens ; car pour moi, jusqu’à demain, vous resterez un homme. Ce n’est pas parce que vous avez poussé des seins, ou parce que vous avez une coiffure féminine qui fera de vous une femme . Je vais mentir en vous considérant comme une femme parce que vous n’êtes pas en réalité une femme. Vous êtes un homme avec chromosomes X Y  ».  Il me répond en me disant que même moi qui suis arrêtée, je ne sais pas comment je suis devenue hétérosexuelle et que lui, c’est sa nature d’être ce qu’il est. Et le fait que je refuse de l’appeler ma sœur, je suis contre son droit d’exister. C’est ce terme que j’ai trouvé  très agressif. J’ai été surprise parce que je ne m’étais pas préparée  pour argumenter avec lui. Je suis donc rentrée chez moi très confuse sans pouvoir lui dire ce que je pensais !

Il faut dire qu’en se présentant à moi comme « Solange », c’est pour moi un nom de scène, c’est comme un pseudo . Ce n’est pas son nom à l’Etat civil Rwandais. Je peux respecter la valeur et la culture d’autrui si en retour la personne sait respecter les miennes. A partir du moment où je me suis expliquée en donnant les raisons pour lesquelles je ne pouvais pas le considérer comme une sœur, il n’avait plus le droit de dire que je suis contre son droit d’exister. Mais en quoi je suis contre son droit d’exister ? J’ai donc fait la publication sur Facebook sans mettre en cause l’Institut. Et par cette publication, la directrice de l’Institut a cru bien faire de m’écrire pour me faire la morale. Pour la première responsable de l’Institut, « je ne devrais pas faire une telle publication sur Facebook et que c’est moralement problématique que j’ai mis le nom de ‘Solange ». Pour elle, « c’est une violation de vie privée en même temps que je viole son droit à la protection des données ».

Par cette interpellation de la directrice de l’Institut, je me sens comme une victime psychologique et morale en étant confrontée agressivement par une personne qui veut m’imposer sa vision du monde, ses valeurs et qui veut que j’y adhère obligatoirement.

Ce qui se cache …

Face à un tel constat, je pousse l’analyse quant au rôle véritable des institutions qui, soit disant défendant des droits de l’homme ou de droits humains encouragent ce genre de choses. Avant, c’était considéré comme des maladies en psychiatrie. Et au fil du temps, la médecine a fini par retirer ça des maladies psychiatriques. Sinon, comment pouvez expliquer qu’une personne étant née d’un sexe donné se lève et décide de paraître du sexe opposé. Je ne parle pas seulement en tant que spécialiste du genre mais je parle aussi de la construction sociale des identités. Je suis pour qu’on donne les mêmes chances et les mêmes opportunités aux hommes et aux femmes pour qu’elles puissent se réaliser dans leur vie, s’épanouir  et être heureuses.

Donc, je prends la lettre de la directrice de l’Institut comme une injure supplémentaire à celle de Solange qui m’a accusée d’être contre son droit d’exister.

Ceux qui adhèrent à ces façons de faire, c’est leurs droits ; mais il faut respecter le droit de ceux qui ne sont pas d’accord et leur laisser la possibilité de s’exprimer. Et je pense que l’Institut Goeuth outre-passe ses prérogatives et ce qui lui est permis de faire dans le cadre des échanges culturels, respectueux des valeurs de part et d’autres. Je vais déposer ma plainte devant qui de droit parce que j’ai pris toutes les informations nécessaires et parce que notre pays n’est pas non plus un marché ou une poubelle où n’importe qui peut venir faire n’importe quoi. Il y a des limites à observer ! Et dès que je n’ai plus le choix de mon opinion, ce sont mes droits aussi qui sont brimés.

C’est pourquoi je vais déposer ma plainte contre l’Institut Goethe. J’aurai pu déposer la plainte contre Solange mais Solange en tant que tel (homme)  n’existe pas ; n’est qu’un Pseudo, on ne va jamais le retrouver.

Quelle est votre avis sur le retrait  de votre publication de Facebook ?

Ma publication a été supprimée de Facebook parce qu’une personne l’a signalée comme dérangeante ou atteinte à la vie privée d’une tierce personne. C’est tout !

Avez-vous suffisamment de preuves de ce que vous avancerez comme dénonciation ?

Si on veut des preuves  que des choses se font là-bas et qui ne respecteraient pas les valeurs de la société burkinabè,  il suffit de faire un appel à témoignages.

Qu’allez-vous dire concrètement en justice ?

(Rires) . Je me réserve pour l’instant de vous le dire !

Je voulais juste que l’opinion me comprenne. Je ne suis pas xénophobe encore moins homophobe. Mais je suis contre le fait de vouloir imposer des choix aux autres. Je souhaiterai qu’un jour on puisse  ouvrir un débat de société sur la question !

Propos recueillis par Saadia SAWADOGO et de Fatim BARRO

1 Comment

  1. Nestorine est dans son droit de se sentir offensée si on veut l’obliger par mis à pied. Dire non ne veut pas dire qu’on refuse à l’autre la vie. Ce sont des moyens utilisés pour forcer l esprit et la main. Il faut éviter de prendre des raccourcis sur l’opinion des gens. Bonne chance à toi Nestorine. C’est un combat difficile mais ne pas se nier et s’assumer est en soit une victoire.

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