3 avril 2021
Kahina Bahloul, première imame de France : «
« J’ai grandi dans une société, en Algérie, où la liberté n’était pas acquise. Mon combat de vie a donc été d’être libre. » .
Devenue en 2019 la première femme à occuper la fonction d’imam en France, Kahina Bahloul revient sur son parcours dans un livre engagé qui appelle à soutenir l’islam libéral.
Entretien.: Ne vous fiez pas à son regard doux et à son allure posée : Kahina Bahloul a un caractère très affirmé. Une qualité indispensable pour celle qui est devenue, en mai 2019, la première femme imame en France, mettant à mal la tradition qui fait de cette fonction le domaine réservé des hommes
. Si les insultes et les tentatives d’intimidation ont fusé, la jeune femme, qui porte le prénom d’une indomptable reine berbère du VIIe siècle, ne s’est pas laissée impressionner. « On ne servira jamais rien aux femmes sur un plateau d’argent, affirme-t-elle. Il faut oser y aller. »
Née à Paris en 1979 d’un père algérien kabyle et d’une mère française (dont la propre mère était juive polonaise et le père catholique français), Kahina Bahloul a grandi en Algérie, où elle a passé son enfance et ses années d’études de droit.
Elle y a connu la décennie noire et les attentats islamistes. Un traumatisme pour la jeune femme, confrontée à une vision de la religion musulmane radicalement opposée à celle qui lui avait été inculquée. « Je descends d’une famille maraboutique. Depuis l’enfance, mon père m’a toujours enseigné que le plus important, pour un musulman, est de purifier son cœur », explique-t-elle.