L’audience des leaders de la manifestation du 27 novembre dernier a eu lieu le mercredi 15 décembre 2021 au Tribunal de grande instance de Ouagadougou. Comparu à la barre, ces accusés plaident tous non coupables. Cependant, ils courent des peines d’emprisonnement allant de 12 à 18 mois et une amende d’un (01) million de francs CFA pour chacun des accusés.
Cependant leur avocat Maître Prospèr FARAMA, élève de la voix pour dénoncer certains faire et gestes, qui se passent dans le pays dit des hommes intègres. Selon lui : « notre pays a un problème avec les droits individuels ».
Ils sont au nombre de Cinq (05) à être arrêtés suite à la manifestation du 27 novembre 2021. Ils se sont présentés à la barre le jeudi 15 décembre pour répondre des faits qui leur sont reprochés. Ces meneurs de la marche sont poursuivis pour organisation de manifestation illicite qui a entrainé la destruction de biens publics et privés. De ce fait, le procureur estime que ces leaders de la société civile doivent en payer le prix pour avoir tenu une manifestation sans aucune autorisation respectant les exigences de la loi.
Cependant, les avocats de la défense ont plaidé pour l’acquittement de leurs clients pour infractions non constituées. « Notre pays a un problème avec les droits individuels, avec les droits collectifs et avec les activistes. Ces poursuites sont vraiment des poursuites mal appropriées. L’Etat se trompe d’adversaire, nos ennemis, ce sont les djihadistes et non ceux qui nous interpellent », a signifié Me Prosper Farama.
Pour lui, sur un plan purement technique, aucune infraction pénale ne peut être retenues contre les accusés. A en croire les avocats de la défense, il n’y a même pas eu de manifestation le 27 novembre car les manifestants ont été empêchés par la gendarmerie d’avoir accès à la Place de la nation qui était le lieu de rassemblement.
Réagissant sur l’attaque d’Inata qui a fait plus de 50 victimes, Me Farama a affirmé que c’est parce que le gouvernement refuse que l’on l’interpelle sur des manquements.
Il a indiqué que l’activiste Naïm TOURE avait interpellé les autorités sur ce qui se passait au sein de l’armée au Nord, en disant qu’il y avait des dysfonctionnements graves et que si les militaires ne se réveillaient pas, ils allaient en payer le prix fort. Cette révélation lui a coûté une peine d’emprisonnement de deux mois fermes.
Le gouvernement ne devrait-il pas remercier les gens qui l’interpellent et les encourager à toujours attirer son attention sur des manquements ?
Me Farama soutient que c’est parce qu’il y a eu des manifestations que le Burkina a un nouveau gouvernement aujourd’hui même si on ne sait pas s’il va nous sortir de l’ornière. C’est donc un paradoxe de vouloir sanctionner les décideurs des organisations de la société civile en lieu et place des gens qui ont des comportements de nature à nuire la vie des combattants au front.
Jeanne Laya