Obsèques: Oraison funèbre à l’occasion de l’ inhumation de Boukary Kaboré dit le Lion

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14 mai à Poa,  province du Boulkiemdé

Déclaration du Comité international memorial Thomas Sankara (CIMTS), à l’inhumation du camarade Boukary Kaboré  dit le Lion.

Lisez la déclaration ci dessus

Le Grand ordonnateur du monde a donc choisi de te rappeler à lui en ce 13 mai, à une semaine près de ton 73ème anniversaire.

  • Est-ce pour nous dire que tu as accompli l’essentiel de ce qui a été ta vie sur terre, que la relève est assurée et que tu pouvais laisser aux dignes héritiers de notre cause, le soin de porter le combat pour l’incarnation de notre idéal commun ?
  • Est-ce pour dire qu’après avoir assisté au procès de ton ami et de ses compagnons d’infortune du 15 octobre 1987, qu’après avoir témoigné à ce procès, tu pouvais te retirer, comme tu l’as dit toi-même et jouir du repos éternel ?

Mon Colonel,

Qui, mieux que ceux de ton corps, pourraient dire ce que tu as été au sein de notre vaillante Armée ? Nous laissons donc à César ce qui est à César.

Cependant nous nous contenterons de faire remarquer que pour la majorité de tes compagnons d’armes, tu as incarné, dès ton jeune âge, le militaire au sens plein du terme. En effet, tu as revêtu l’uniforme dès ta classe de CE 1, à ce qui était à l’époque l’EMPA (Ecole Militaire Préparatoire Africaine), ancêtre de l’actuel PMK (Prytanée Militaire du Kadiogo). Véritable force de la nature, doté du physique du Géant de Falaguntu et d’une voix de stentor, on aurait dit que tu symbolisais le Soldat, qui se manifestait à travers ta personne. Tu étais respecté par tous les cadres et tous les prytanes, qui ne t’appelaient souvent que par ton numéro matricule, « 095 » !

Tu as toujours été le protecteur des élèves de 6ème, « les bleus » comme on les qualifiait, contre les brimades de certains de leurs ainés. C’est dire que tu as toujours pris le parti de l’équité contre l’arbitraire, du faible contre le puissant, comme tes choix politiques le démontreront plus tard.

En effet, lors du coup d’Etat du 17 mai 1983, te trouvant au Camp Guillaume, avec des militaires du CNEC, tu as refusé la reddition, obligeant l’aile conservatrice du CSP à revoir ses plans et à négocier une trêve.

Au moment décisif du 15 octobre 1987, ton « non » à la félonie a été un « non » sans équivoque. Tu as assumé entièrement les conséquences pénibles, prévisibles et attendues, pour toi, pour tes compagnons et pour ta famille, qui en ont payé le prix fort.

Tu as connu la répression féroce d’un pouvoir sans foi ni loi, tu as souffert la manipulation et le dénigrement, l’exil, le retour au pays et à la terre nourricière.

En effet, de militaire de carrière, tu t’es transformé en paysan par nécessité, par devoir et dans le souci de préserver ta dignité et ton intégrité, en te retirant à Makognèdougou, dans un Houet accueillant où, à la sueur de ton front, tu as tiré du sol ta pitance, démontrant à tous que tu pouvais vivre avec les masses !

Et tu es entré en politique comme on se servirait d’une arme pour engager une bataille plus complexe et plus perfide, aux règles indéfinies.

Convaincu et convaincant, tu l’étais et tu as parcouru nos villes et nos campagnes, pour dire aux masses populaires :

  • Que notre cause était juste ;
  • Qu’elle était belle et le reste toujours et
  • Qu’elle valait le sacrifice suprême consenti par le camarade président Thomas Sankara.

Tu nous laisses en héritage, l’image d’un ami fidèle, d’un camarade courageux, d’un militant honnête et convaincant, un modèle de la cause révolutionnaire !

En ces moments ou le terrorisme endeuille presque quotidiennement le Faso, notre pensée va aux victimes d’une barbarie aveugle, inhumaine et inédite qui nie et notre existence, et notre liberté, notre droit sacré d’aller et de venir sur la terre de nos ancêtres !

Et nous nous souvenons que dès le début de cette tragédie, en visionnaire incompris, tu as préconisé que le peuple soit organisé pour prendre en charge sa propre sécurité.

Cher camarade, en somme, tu as incarné :

  • Le refus de la trahison,
  • Le refus de la honte,
  • Le refus de la lâcheté !

Puissent ces valeurs inspirer nos frères et sœurs, nos fils et filles, les fortifier et les conduire à la victoire, pour la gloire et le salut du Burkina Faso !

Boukary Kaboré, dors en paix et que la terre libre du Burkina Faso te soit légère !

La patrie ou la mort, nous vaincrons !

Merci, camarades !

 (rédigée par les camarades : Dr Jean-Hubert BAZIE et Colonel-major en retraite Moussa DIALLO)

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