Ramadan des musulmans, Carême des chrétiens: Qu’elle signification propre de ces deux temps de jeûne?

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Abbé Safielba Simon-Pierre Soulama, en janvier 2024, au cours de sa messe d'action de grâce à Danherni( Nyangoloko, (dans la région des Cascades)

« Carême et Ramadan, Est-ce la même chose »?. Il n’est pas rare d’entendre certaines personnes comparer le carême chrétien au jeûne musulman. Il est utile de prendre le temps de revenir à la signification propre de ces deux temps de jeûne.  Avec l’Abbé  Safielba Simon Soulama,  que nous avons approché, nous permet à travers cet intervieux réalisé ce 11 mars 2024, à l’occasion du temps de ramadan musulman, afin  d’en saisir toute la différence, sortir d’une “compétition” et se recentrer sur le coeur de ces démarches. 

La ressemblance des deux démarches conduit sans doute quelques personnes à utiliser le vocabulaire chrétien qui nous est familier en parlant du “Carême des musulmans”. A la vérité, cette confusion du vocabulaire n’est pas sans signification: petit à petit, la culture française devient le cadre où se vit l’Islam des musulmans et le langage dans lequel il s’exprime. Les pratiques ainsi désignées par le même mot n’en demeurent pas moins très différentes.

Les chrétiens savent bien que le Carême est essentiellement une période de préparation à la fête de Pâques. Comme le peuple hébreu avait vécu au désert pendant quarante ans avant d’atteindre la terre promise, ainsi le peuple chrétien accepte une épreuve de quarante jours pour se préparer à la vie nouvelle que le Christ nous offre à nouveau, Lui qui est maintenant au-delà de la mort et de la souffrance. Il y a donc, dans le Carême chrétien une dimension de tension vers un évènement festif, une démarche de repentance pour nos refus et nos péchés.

Plus récemment, l’accent s’est déplacé:  les privations dans le boire et le manger se sont adoucies, l’insistance s’est faite plus forte sur la conversion intérieure et le partage.

Les fêtes de l’Islam, à l’inverse des fêtes juives ou chrétiennes, n’ont pas pour but d’évoquer l’Histoire passée ou à venir. Le Ramadan n’est pas la préparation d’une fête, ni le souvenir d’un évènement. C’est une pratique commandée par le Coran (2,183-187) mais dont le symbolisme ou la signification ne sont pas données dans le texte.

Comme pour la plupart des pratiques de l’Islam, c’est donc d’abord la vertu d’obéissance qui est ainsi appelée à s’exercer dans le Jeûne. Face à Dieu, l’homme se remet à sa place d’humble adorateur.

Un autre thème vient cependant enrichir la spiritualité de ce mois de jeûne: celui de l’accueil de la Parole de Dieu, de la Révélation. En effet, le texte qui prescrit le Jeûne continue: “Le Coran a été révélé durant le mois de Ramadan. C’est une Direction pour les hommes ; une manifestation claire de la Direction et de la Loi” (2,185). Une fête l’évoque: la nuit du Destin.

Les musulmans lisent dans ce texte une allusion à la “descente” de la Révélation. La suite la décrit en des termes évoquant – pour nous – la nuit de Noël : “Les Anges et l’Esprit descendent cette Nuit… Elle est Paix et Salut jusqu’au lever de l’aurore !”.

Le mois du Jeûne comporte donc, pour les musulmans, une attention renouvelée au Livre du Coran. Quelques-uns consacreront leurs soirées à relire le texte, individuellement ou en groupe. Cette lecture s’accompagnera, bien sûr, d’un désir de conformer sa vie à la volonté de Dieu telle qu’elle s’exprime dans la Révélation.

Abbé Simon SOULAMA. *Essai de réflexion sur le carême chrétien et le jeûne musulman*.

Ebtretien réalisé par Doloman

Fasoamazone.net

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