François Compaoré, frère de l’ex-président burkinabè, a été laissé libre, lundi, au lendemain de son interpellation à Roissy dans l’enquête sur la mort d’un journaliste en 1998. Le Burkina Faso va demander son extradition dès ce soir.
Son extradition pourrait avoir lieu dès « ce soir ». Visé par un mandat d’arrêt international et interpellé en France dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat d’un journaliste en 1998, François Compaoré, frère de l’ancien président déchu du Burkina Faso, a été laissé libre, a annoncé, lundi 30 octobre, son avocat Pierre-Olivier Sur.
« Les documents relatifs à la demande d’extradition ont été préparés et transmis au ministère des Affaires étrangères pour que les autorités françaises soient saisies dès ce soir », a dit à la presse le ministre de la Justice burkinabè René Bagoro.
François Compaoré, 63 ans, avait été arrêté la veille à l’aéroport parisien de Roissy à son retour d’Abidjan, en vertu d’un mandat d’arrêt international délivré par le Burkina Faso. Citoyen ivoirien résidant en France avec sa famille, il a été laissé libre sous contrôle judiciaire, a précisé son avocat. « Il doit prévenir en cas de voyage à l’étranger », a-t-il ajouté. « La justice a estimé qu’il n’y avait pas lieu de donner à ce mandat l’aspect coercitif qu’il réclamait », a déclaré Me Sur.
Soupçonné d’être impliqué dans la mort d’un journaliste en 1998
Personnage parmi les plus impopulaires des 27 ans du régime Compaoré, ce frère cadet est réclamé par la justice burkinabè depuis le mois de mai dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat du journaliste d’investigation Norbert Zongo et de trois compagnons de voyage, le 13 décembre 1998. François Compaoré est poursuivi pour « incitation à assassinats », selon un avocat de la famille Zongo, Me Bénéwendé Sankara.
Norbert Zongo, auteur de plusieurs enquêtes retentissantes dénonçant la mauvaise gouvernance sous le régime Compaoré, travaillait au moment de son assassinat sur la mort du chauffeur de François Compaoré, alors conseiller économique de son frère et surnommé le « petit président ». François Compaoré a un temps été inculpé de « meurtre et recel de cadavre » après la mort de son chauffeur, mais n’avait jamais été poursuivi dans le dossier Zongo avant l’émission de ce mandat d’arrêt.
Il « a été entendu trois fois par la commission d’enquête internationale et trois autres fois par une juridiction d’instruction au Burkina, or chacune de ces deux procédures l’a disculpé » dans ce dossier, fait valoir son avocat. Il s’est enfui du pays lors de l’insurrection populaire d’octobre 2014 et a obtenu la nationalité ivoirienne en même temps que son frère.
En décembre 2015, trois ex-soldats du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l’ancienne garde prétorienne du président Compaoré – dissoute après sa tentative de coup d’État mi-septembre 2015 – ont été inculpés par la justice burkinabè dans cette affaire.
Le meurtre de Norbert Zongo avait entraîné de violentes manifestations contre le président Blaise Compaoré. Renversé fin octobre 2014 après 27 ans au pouvoir, il s’est réfugié en Côte d’Ivoire. Les autorités ivoiriennes refusent son extradition, alors qu’il fait l’objet d’un mandat d’arrêt international dans le cadre de l’affaire de l’assassinat du président burkinabé Thomas Sankara en 1987, lors d’un coup d’État qui l’a porté au pouvoir.
Avec AFP