Stage en entreprise Une stagiaire est là pour apprendre, pas pour écarter ses jambes

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Missions non conformes, encadrement absent, relations  difficiles, voici autant de facteurs qui affectent le stage de la plupart des étudiant (es) burkinabè. Toute chose qui rend difficile la production de leur rapport et/ou mémoire. Pires, certains sont victimes d’harcèlements sexuels et/ou verbaux de la part de leur supérieur hiérarchique, ce qui rend encore plus difficile la collaboration. Si certains ignorent l’importance des stagiaires, ceux qui en savent, en abusent aussi. Dans l’un ou l’autre cas, c’est le (la) stagiaire qui en souffre le plus. Dans ces lignes, vous verrez l’enfer que vivent les stagiaires dans le milieu professionnel.

« Tu es très belle demoiselle, tu peux m’accorder un rendez-vous ce soir ? », P.F, étudiante en communication dans une grande école de la capitale burkinabè, se souviendra longtemps de ces mots « déplacés » de la plupart de ses supérieurs lors de son stage. De son maitre de stage en passant par le Directeur de la boite, et que dire des simples agents, tous voulaient la faire passer à la casserole. Elle, pourtant qui n’était venue que pour apprendre. Tout comme P.F, elles sont nombreuses ces jeunes filles stagiaires qui, n’ont seulement peinent à décrocher un stage de fin d’étude dans une entreprise au Burkina, mais aussi si elles en trouvent un, pour beaucoup tournent en un véritable calvaire. Si on ne leur demande pas de servir du thé, ça sera d’aller payer des crédits de communication, faire des photocopies, aller chercher un tel à gare, etc. Le pire dans tout ça, est que la grande majorité surtout les jeunes filles sont victimes d’harcèlement de tous ordres .

Des témoignages émouvants
Notre jeune étudiante qui a voulu garder l’anonymat et que nous avons décidé de nommer M.A raconte sa mésaventure. « Il (son patron) est d’abord venu me rendre visite à la maison, parce que j’étais malade. Pour moi, c’était une chose normale. Puisque je n’avais jamais eu à travailler dans une entreprise et je ne connaissais rien donc de l’environnement de travail et tout ce qui va avec. C’est après cette visite, que les choses ont pris une autre tournure. Des rendez-vous à n’en pas finir, et je me sentais vraiment mal à l’aise surtout quand je me retrouvais face à lui. Je ne disais jamais non pour ne pas le frustrer, mais je n’honorais pas non plus les rendez-vous. Toute chose qui le mettait hors de lui. Il m’en a fait la remarque. Quelques jours plus tard, après les multiples rendez que je n’ai pas honoré et les appels que je ne répondais jamais, il m’a fait comprendre que je devais arrêter mon stage (elle fondit en larmes). J’ai donc compris le pourquoi, sans faire d’histoire, j’ai donc replié et je suis partie de sa société ».

Une histoire à couper le souffle, qui montre clairement ce que nos jeunes sœurs vivent dans leur lieu de stage. Et tenez-vous bien, P.F n’est pas la seule dans cette situation.
Les harcèlements sexuels ou verbaux sont très courants dans la plupart des grandes boites de la place. Cette jeune fille que nous avons rencontrée  dans une entreprise de la place et qui a voulu garder l’anonymat témoigne : « Durant mon stage j’ai été victime de harcèlement sexuel de la plupart de mes supérieurs ; comme je n’accédais pas à leurs avances cela s’est transformé en harcèlement verbal puis à un refus catégorique de répondre aux différentes inquiétudes que je pouvais avoir dans le cadre de mon stage. Ils n’avaient jamais le temps pour m’enseigner quelque chose qui me serait utile dans ma future vie professionnelles mais ils avaient toujours le temps pour m’inviter à sortir ou faire des allusions déplacées sur mon physique ».

Autres difficultés
A côté de ces cas d’harcèlement, existent des situations parmi les plus fréquentes, soit on vous confie des tâches inintéressantes, les fameux photocopies-cafés, soit parfois aucune tâche. Dans les deux cas, c’est le signe que vous n’êtes pas bien encadré.

Autre pratique illégale, c’est trop de responsabilité. Certaines entreprises offrent des stages proposant des missions qui requièrent des compétences et l’expérience d’un salarié. Alors que la loi est pourtant claire : aucune convention de stage ne peut être conclue pour remplacer un contrat de travail. De même, l’entreprise ne peut utiliser un stagiaire pour faire face à un accroissement temporaire d’activité ni pour occuper un emploi saisonnier. « Un stagiaire est là pour apprendre, pas pour remplacer un salarié ni pour écarter ses jambes», rappelle le Directeur de mémoire de P.F

Les entreprises en sont bien conscientes. Cependant pourquoi restent-elles dans cette illégalité ? La question reste poser. Ce qui est sûr, tout le monde sait mais personne n’en parle.

Notre partition est de dénoncer ces pratiques souvent pas catholiques des entreprises à l’endroit des stagiaires, à vous de jouer la vôtre.
Anaëlle K.

www.fasoamazone.net 

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