L’association de défense des droits des aides ménagères et domestiques (ADDAD Burkina) dit stop aux violences que subissent les aides ménagères dans les foyers. Elle a initié une campagne de plaidoyers sur la cause des aides ménagères et domestiques les 4, 5 et 6 octobre 2019 dans trois arrondissements de la ville de Ouagadougou. A travers ce geste, l’ADDAD entend tirer la sonnette d’alarme sur les souffrances que vivent les « les bonnes ». Par la même occasion, elle interpelle les autorités à ratifier la convention 189 de l’Organisation internationale du travail.

Samira Ouédraogo a aujourd’hui 24 ans. Il y’a 10 ans de cela, elle quittait son village pour la capitale. Elle qui rêvait de travailler dans une grande maison et surtout dans de meilleures conditions afin d’aider sa maman et ses frères restés au village. Mais mal lui en prendra. Très vite, elle s’est rendue à l’évidence que la vie n’est pas que rose. En effet, Samira a travaillé comme aide-ménagère chez une dame pendant 6 mois où elle ne percevait que 50 f cfa par jour comme salaire. En plus de cela, injures et bastonnades, elle les vivait au quotidien.
Tout comme Samira, elles sont nombreuses ces jeunes filles qui fuient le village à la recherche de leur pain quotidien dans les grandes villes. Cependant, une fois arrivée en ville, elles subissent tout genre de violences. Des différentes tracasseries, en passant par les vols et viols dans les gares, et comme si cela ne suffisait pas, arrivées chez leurs employeurs, tout cela reprend de plus belle sinon même pire. Elles sont les premières à se lever et les dernières à se coucher, elles n’ont souvent pas de temps de repos, elles ne sont pas bien rémunérées, elles font l’objet d’injure au quotidien. Certaines sont battues, et d’autres même sont violées par leur employeur et/ou leurs enfants.

Cette traite inhumaine des aides ménagères est devenue monnaie courante dans nos villes ces dernières années. Malgré les multiples efforts déployés par les organisations de la société civile pour la protection, la défense des droits humains, l’existence des politiques et stratégies nationales pour la protection ainsi que la promotion de l’enfant et de la femme, force est de reconnaitre que la situation des filles migrantes comme travail d’aide-ménagères et domestiques reste préoccupante.
C’est tout là, le sens du combat mené depuis des années par l’ADDAD, l’association de défense des droits des aides ménagères et domestiques. Et cette campagne de plaidoyer de 72 heures qu’elle a organisé vise justement à interpeller tous sur les conditions des aides ménagères et domestique dans les foyers. A cet effet, elles ont sillonné les arrondissements 1, 6 et 12 de Ouagadougou pour se faire entendre. « Nous menons cette campagne de plaidoyer pour la cause des aides ménagères. Elle vise à sensibiliser le grand public sur les droits et les conditions de vie des aides ménagères mais aussi la société civile sur l’existence des droits protégeant les enfants ainsi que les femmes.

Nous avons décidé de la tenir dans les quartiers, parce que c’est là-bas que nous sommes violentées, que nous vivons le cauchemar de nos vies. Aussi, nous le faisons ici afin de pouvoir interpeller nos employeurs, les habitants d’à côté, de voir la sensibilité de nos souffrances », a indiqué Ouédraogo Sakinatou, président de l’ADDAD.
Aussi, interpellent-elles le gouvernement à la ratification de la convention 189 de l’Organisation internationale du travail, laquelle convention protège ces filles travailleuses et les préserve de toutes sortes de violences. « Nous demandons aux différents employeurs, de nous traiter comme leurs enfants. Nous ne sommes pas des machines, donnez-nous au moins un temps de repos, un toit pour dormir. A l’endroit du gouvernement, nous leur demandons simplement à ce que la convention soit ratifiée », a lancé la présidente.
En rappel, l’ADDAD est une organisation à but non lucratif et apolitique créée en 2012 les aides ménagères et domestiques en 2015 par le gouvernement. A sa création, elle avait comme membres 5 personnes. Aujourd’hui, elle compte à plus de 700 membres, 12 points focaux dans les différents secteurs de Ouagadougou. L’ADDAD existe dans 7 pays de la sous-région, le Burkina Faso, le Mali, le Togo, le Benin, la Côte d’Ivoire, LA Guinée Conakry, le Sénégal. L’association vise à améliorer les conditions de vie et de travail d’aide-ménagère et mieux les protéger tout au long de leur parcours migratoires.
Anaëlle K.