Lutte contre le mariage d’enfants : La politique de la CEDEAO vulgarisée au Burkina-Faso

0
580

La Coalition nationale contre le Mariage d’Enfants au Burkina (CONAMEB), en collaboration avec l’ONG Voix de Femmes, a organisé un panel le vendredi 16 Juillet 2021 à Ouagadougou. Une rencontre qui a eu pour but de faire connaitre la politique de la CEDEAO pour mettre fin aux mariages d’enfants qui a été adoptée en 2019.

Les participants(es)

Le mariage d’enfants est classé au rang des pratiques traditionnelles néfastes aux filles et aux femmes.

Selon les données de l’UNICEF et de l’UNFPA, au niveau mondial, ce sont plus de 650 millions de femmes et de filles qui ont été mariées avant l’âge de 18 ans. En Afrique, 125 millions de femmes soit 40% de femmes et de filles ont été mariées pendant leur enfance. Un taux double de la moyenne mondiale et qui parait un peu plus élevé pour ce qui concerne l’espace CEDEAO, soit 41% chez les filles contre 3% chez les garçons.

Le phénomène est présent dans des pays qui sont pourtant parties prenantes de résolutions, de chartes, et de pactes internationaux et régionaux qui découragent la pratique.

Au nombre de ces résolutions, la CEDEAO a adopté le 25 janvier 2019 la politique régionale de l’enfant, son plan d’action stratégique (2019-2030) ainsi qu’une feuille de route destinée à éliminer le mariage d’enfants.

Le policy paper, fruit d’un partenariat entre le ministère des Affaires Etrangères du Danemark, l’AWDF, Save The Children et WILDAF-Afrique de l’Ouest, appuie l’initiative de la CEDEAO. Il est un outil de plaidoyer mis à la disposition des Etats afin de les encourager à mettre en œuvre de façon effective la feuille de route de la CEDEAO à travers des plans d’action nationaux qui s’en inspirent et une synergie d’action avec les organisations de la société civile.

Le presiduim

Afin de vulgariser ledit document, un panel, tenu le 16 juillet 2021, à Ouagadougou, a réuni des acteurs intervenant dans le domaine des droits de la jeune fille et des femmes.

La rencontre a permis la diffusion et le partage d’information sur le phénomène du mariage d’enfants dans l’espace CEDEAO.

En d’autres termes, il s’est agi de faire connaitre la politique de la CEDEAO  pour la fin du mariage d’enfants, adoptée en 2019 avec le soutien technique et financier de WILDAF-AO.Au cours de ce panel, les participants ont suivi et échangé sur les contenus de cinq communications. Des communications relatives à la situation juridique, politique et d’application dans les états membres, la présentation de la policy paper de la CEDEAO.

Une communication portant sur l’accès aux services essentiels de prévention, de soutien et de prise en charge a été également dispensée. L’engagement de la communauté et des responsables religieux à changer les normes sociales, l’implication de la société civile et d’autres acteurs non étatiques, l’éducation de qualité pour les filles, la participation et le leadership des filles et des femmes ont figuré aussi au menu des échanges.

La communication pour un changement de comportement social et un module sur le lien entre la pauvreté et le mariage des enfants, et l’existence des coalitions nationales en faveur de l’élimination du mariage d’enfants, ont par ailleurs été dispensés.

Situation préoccupante dans 5 pays d’Afrique de l’ouest .

La situation du mariage d’enfants dans cinq pays d’Afrique de l’Ouest à savoir le BF, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo a été présentée.Il est ressorti que dans l’espace CEDEAO, la prévalence du mariage d’enfants est de 41% chez les filles contre 3% chez les garçons (UNFPA /UNICEF, 2018).

Le mariage d’enfants dû à la pauvreté touche plus les filles qui disposent de moins de temps pour étudier par rapport aux garçons. Il constitue la seule option pour les familles aux ressources limitées de se débarrasser tôt de leurs enfants.

Il peut être utilisé pour régler des différends ou dans le cadre des alliances sociales.

La jeune fille est considérée comme une marchandise pouvant être échangée pour assurer les charges familiales. La dot qui constitue le prix de la fiancée peut constituer un revenu pour la famille de la fille mariée.

Le phénomène du mariage d’enfants est une cause d’abandon scolaire.

Une fille qui est à l’école est à l’abri du mariage. Cependant celle qui n’y est pas est plus exposée.

De ce fait, moins scolarisées et moins éduquées, les filles n’ont pas un accès équitable au travail : 47% des femmes sans éducation sont mariées précocement contre 12% de celles ayant reçu une éducation secondaire.

Le mariage d’enfants a des conséquences sur les filles, mais également sur l’économie. « Si le mariage d’enfant est éliminé, on économise 25 milliards de dollars par an d’où l’importance de la mise en œuvre de la feuille de route de la CEDEAO », a souligné Eulalie Yerbanga de la Coalition nationale contre le Mariage d’Enfants au Burkina (CONAMEB).

Elle a indiqué que les ménages dont les revenus se situent entre zéro et 122 000F CFA, enregistrent beaucoup plus de mariage et sont suivis de ceux dont les revenus se situent entre 122000FCFA et 900 000FCFA.

Des pistes de solutionsAu regard des chiffres alarmants sur le mariage d’enfants, les panélistes ont présenté des pistes de solutions pour endiguer le phénomène les pays concernés.

Selon le coordonnateur de l’ONG Voix de femmes Raphaël ZONGNABA, il existe un lien étroit entre l’éducation et le mariage des enfants en particulier l’éducation des filles.

Il a laissé entendre que l’éducation de qualité pour les filles, la participation et le leadership des filles et des femmes et la sensibilsation des garçons et des hommes constituent des moyens pour freiner le mariage d’enfants.

Pour lui, il y a un lien étroit entre éducation et mariage d’enfants et la stratégie la meilleure et la plus importante contre ce fléau est de mettre l’accent sur l’éducation des filles. Eulalie YERBANGA a confié que l’Etat burkinabè s’est engagé à participer à une prise de conscience du phénomène du mariage d’enfants.

A l’entendre, ce sont la mobilisation des acteurs, le plaidoyer, l’application des lois et le renforcement les capacités des acteurs que sont, entre autres, la CONAMEB, qui permettront de mieux combattre le fléau.

L’accès aux services essentiels de prévention, de soutien et de prise en charge, l’implication des collectivités territoriales notamment les maires, l’attractivité de l’école attractif et le maintien filles à l’école sont les autres solutions préconisées par la présidente.

Ella a appelé à un plus fort engagement au niveau des décideurs politiques, pour une meilleure application de la loi sur l’éducation à travers l’implication des garçons et des hommes et au soutien des ménages démunis.Mettre impérativement la feuille de route en marcheIl est temps d’agir en mettant en œuvre la feuille de route de la CEDEAO afin de mettre fin au mariage des enfants en Afrique de l’Ouest.

Pour l’atteinte de cet objectif, cette initiative du panel intervient afin de conduire des dialogues politiques au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Concernant le BF, ce dialogue a été placé sous le leadership de la CONAMEB.

A terme un plan d’action devra être élaboré et un comité établi pour le suivi de la mise en œuvre des activités arrêtées.

Des activités dont font partie les différentes communications qui ont été présentées au cours du panel du vendredi 16 juillet 2021.

Claudette Ouedraogo

Fasoamazone.net

 

LAISSER UN COMMENTAIRE

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.