« Etats des lieux de la mise en œuvre de l’Agenda Femmes Paix et Sécurité au Burkina Faso : quelles contributions des acteurs et actrices non étatiques »?. C’est le contenu de l’oeuvre analytique de l’auteure, madame Zoungrana Salamata, doctorante en histoire à l’Université Joseph Ki Zerbo(UZKZ) de Ouagadougou, par ailleurs, présidente de l’asociation Hommage aux femmes(AHAF). Sa communication autour du contenu de l’oeuvre, a été modérée par Dr Bintou Boly. C’était à la 1ère édition de la Session Alternative de la Condition de la Femme (CSWA) tenue à Ouagadougou, les 29 et 30 mars 2024.
I- Les principales articulations de son oeuvre se présentent ainsi: l’Introduction générale. Aperçu sur l’Agenda Femmes Paix et Sécurité
1– Le processus vers l’adoption de l’Agenda Femmes Paix et Sécurité
2– La Résolution 1325 et les autres Résolutions
II– La contribution des organisations non étatiques dans le processus de paix
1– Esquisse sur quelques organisations non étatiques
2– Les actions des organisations non étatiques au profit de la paix
III– La persistance de l’insécurité au Burkina Faso malgré les actions des organisations non étatiques
1– Les facteurs défavorables à l’atteinte des objectifs des organisations non étatiques en faveur de la paix
2– Quelques recommandations pour un Burkina Faso de paix
Conclusion
Dans un monde de plus en plus violent, les femmes constituent la couche la plus éprouvée. Pourtant, elles sont peu impliquées dans le processus de résolution des conflits et de la promotion de la paix. C’est certainement pour changer cette tendance que le Conseil de Sécurité des Nations Unies a adopté en octobre 2000 la Résolution 1325 qui constitue le fondement de l’Agenda Femme Paix et Sécurité. Plusieurs autres résolutions s’en ont suivi.
Leur application par les Etats doit être guidé par des dispositions législatives, juridiques, institutionnelles, etc. Mais cela est-il effectif dans les Etats, en l’occurrence au Burkina Faso ? Tout compte fait, les organisations non étatiques en générale, et celles féminines en particulier vont saisir l’opportunité et s’investir pleinement dans le processus de la conquête de la paix. C’est pour cerner les actions de ces organisations qu’est mené l’analyse sur le thème suivant : « Etats des lieux de la mise en œuvre de l’Agenda Femmes Paix et Sécurité au Burkina Faso : quelles contributions des acteurs et actrices non étatiques ? ».
La démarche méthodologique est qualitative. Elle se caractérise par la collecte, le traitement et l’analyse d’informations écrites, orales et audio-visuelles. A cet effet, une quarantaine d’organisations non étatiques a été identifiée. L’analyse des résultats obtenus permet de scinder le corps du travail en trois parties. La première fait un aperçu sur l’Agenda Femmes Paix et Sécurité ; la deuxième analyse la contribution des organisations non étatiques dans le processus de paix ; enfin, la troisième décrypte la persistance de l’insécurité au Burkina Faso malgré les actions des organisations non étatiques.
Aperçu sur l’Agenda Femmes Paix et Sécurité:
Le processus vers l’adoption de l’Agenda Femmes Paix et SécuritéLes origines de l’adoption de l’Agenda Femmes Paix et Sécurité sont antérieur à l’an 2000, année de l’adoption de la Résolution 1325. En effet, en 1948, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme des Nations Unies qui stipule en son article 1er que : « Tous les hommes naissent libres et égaux en dignité et en droit » avait donné un signal fort sur l’importance de la femme dans la société, dans le monde.
En 1979 (18 décembre), est adopté la Convention sur l’Elimination de toutes les formes de discrimination à l’égard de la femme (CEDEF), qui est un traité international relatif aux droits humains, concentré spécifiquement sur les droits des femmes.
1975-1985 a été décrété « décennie de la femme » par l’ONU, en vue d’amener les pays membres à poser des actes entrant dans le cadre de l’amélioration des conditions de vie des femmes. Cette décision a été si importante pour l’amélioration des conditions de vie des femmes en Afrique à tel enseigne que Denise BADINI-FOLANE relève que : « Les femmes africaines et particulièrement les Voltaïques restent redevables à la proclamation des Nations unies sans laquelle elles n’auraient plus eu de sitôt l’occasion de siéger à un poste ministériel » (BADINI-FOLANE Denise, 2003, p. 110).
Dans cette dynamique, le Conseil de sécurité, dans le cadre des conflits, impose aux différents Etats de respecter le droit des femmes et de soutenir leur participation aux négociations de paix et à la reconstruction post-conflit.
Ainsi après le Lobbying de nombreuses organisations féministes et du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM), le 31 octobre 2000, à l’unanimité, la Résolution 1325 est adoptée.
2. La Résolution 1325 et les autres Résolutions:
La Résolution 1325 est un axe fondamental de l’Agenda Femmes Paix et Sécurité (AFPS). Elle met en exergue entre autres :la participation des femmes à tous les niveaux de prise de décisions ;
la protection des femmes et des filles contre les violences sexuelles et les violences basées sur le genre; l’intégration de la dimension genre dans les opérations de paix; la prévention de la violence contre les femmes par la promotion des droits de la femme, la redevabilité et l’application des lois.
De par ces dispositions, la1325 recommande donc de placer l’égalité de sexe au cœur de la prévention, de la gestion et de la résolution des conflits. Les femmes doivent dès lors être impliquées au même titre que les hommes dans les instances décisionnelles dans les institutions et les mécanismes nationaux, régionaux qu’internationaux, en vue de la prévention, de la gestion et du règlement des conflits.A la suite de l’adoption de la Résolution 1325, plusieurs autres Résolutions (11) ont été adoptées. Il s’agit : (1820, 1888, 1889, 1960, 2106, 2122, 2242, 2467, 2493, 2250, 2538). Nous évoquons quelques-unes.
Résolution 1820 (2008) : elle met l’accent sur la prévention et la lutte contre les violences sexuelles liées aux conflits. Elle condamne fermement l’utilisation de la violence sexuelle comme arme de guerre et souligne la nécessité de traduire en justice les responsables de ces crimes. Autrement dit, elle prône l’accès des victimes à la justice et une augmentation des femmes au sein des soldats de la paix, à travers les processus de Désarmement, Démobilisation, Réinsertion (DDR).
Résolution 1888 (2009) : elle complète la résolution 1820 en exhortant les Etats à prendre des mesures concrètes pour renforcer la prévention des violences sexuelles en période de conflit, ainsi que pour améliorer l’accès des victimes à des services de soutien et de justice.
Résolution 1889 (2009) : Cette résolution met en avant l’importance de l’intégration de la perspective de genre dans les processus de consolidation de la paix et de reconstruction post-conflit.
Elle souligne également le rôle crucial des femmes dans la reconstruction des communautés après un conflit.
Pour ce faire, elle invite les pays à :
–Créer le Bureau de la représentante spéciale du secrétaire général chargée de la lutte contre les violences sexuelles dans les conflits armés.
Reconnaître l’importance des droits économiques des femmes dans un contexte de paix et de sécurité.
Indiquer dans les rapports que les pays remettent au Conseil de sécurité des Nations Unies comportent des renseignements les besoins des femmes et des filles en situation de conflit armé et au lendemain d’un conflit que les données sur ces besoins soient compilées
Résolution 1960 (2010) : elle renforce l’engagement de la communauté internationale à lutter contre l’impunité des auteurs de violences sexuelles en période de conflit. Elle appelle à un suivi régulier des progrès réalisés dans la prévention et la répression de ces crimes. Ainsi, elle invite les Etats à mettre en place des dispositifs de surveillance, d’analyse et de compte rendu sur la violence sexuelle liée aux conflits, y compris le viol dans les situations de conflit armé, après conflits et autres situations préoccupantes.
Résolution 2106 (2013) : elle reconnaît la nécessité de mettre en place des obligations dans le but de combattre la violence sexuelle en situation de conflit armé. Ainsi, elle exhorte les Etats à augmenter le nombre de conseillers pour la protection des femmes qui sont déployés et à leur offrir une formation adéquate.
À suivre
Karen Ouedraogo