Burkina: Maimounata Belem/Ouedraogo, la 1ère femme doctorante du laboratoire de Biologie et Ecologie Végétale

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Dr Mamounata Belem/Ouedraogo

C’est a coeur ouvert, sincère, pleine d’enthousiasme, que Dr Belem Mamounata/Ouedraogo, a accueilli FasoAmazone.net(FA), dans son laboratoire.  Experte, Chercheur en Ecologie végétale et Ethnobotanique, burkinabé, native du Yatenga,  née le 26 mars 1960, Mamounata nous décrit son cursus scolaire, parcours estudiantin, experience professionnelle, bref sa vie jaillonnée de hauts de bas…

Comme expérience professionnelle pertinentedocteure Mamounata, est Conseiller Technique du Ministre de l’Agriculture en 2023, Présidente du Conseil d’Administration de l’Ecole Nationale de Formation Agricole de Matourkou de juin 2021à janvier 2023, Coordonnatrice du Programme Thématique de Recherche sur les Changements Climatiques du CAMES (PTR-CC du CAMES), depuis 2017.

30 années d’expérience dans la recherche forestière, couronnés par la reconnaissance par le CAMES respectivement comme Chargée de Recherches en 2003, Maitre de recherche en 2011 et Directrice de Recherche en 2023. Première femme docteur du laboratoire de Biologie et Ecologie Végétale de l’Actuelle Université Joseph KI ZERBO, en 1993. De 1994 à 1999, gestionnaire de l’Herbier National du Burkina Faso au sein du CNRST.

Première Femme chercheur senior avec le grade de Maître de recherches dans la recherche forestière. De 2007 à 2013 la toute première Femme directrice d’un Centre de Recherche, au Centre de Recherches Environnementales et de formation (CREAF) de l’Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles (INERA.

De 2003 à 2011, membre de l’équipe des 13 experts chargés de la rédaction du Plan d’Action National d’Adaptation (PANA) au changement climatique et de l’inventaire des gaz à effet de serre du Burkina Faso.

Une des 3 femmes Chefs de programme (les 2 autres sont Dr DABIRE Clémentine et WEREME Aïssata), au programme de protection des ressources forestières de l’INERA de 1999 à 2007.

Formation académique et/ou professionnelle. Après le DEUG II, à l’institut supérieur polytechnique de Ouagadougou, j’ai obtenu ma Licence d’Enseignement des Sciences Naturelles, la Maitrise de Biologie Végétale et Botanique, le DEA d’Ecologie Tropicale respectivement en 1985,1986, 1988 à l’Université d’Abidjan.

Ensuite titulaire d’un doctorat de 3è cycle en Biologie et Ecologie Végétales obtenu en janvier 1993.

j’ai obtenu un doctorat d’Etat ès Sciences en Juin 2008 à l’actuelle Université Joseph Ky ZERBO.

FA: Parlez-nous de Mamounata, en tant que jeune fille et de ses rêves !

Jeune élève au primaire, je jouais tantôt à l’infirmière, tantôt à l’institutrice qui étaient mes métiers de rêve. Et c’est à juste titre car à Ouahigouya je ne connaissais que des institutrices et des matrones, infirmières et Sage femmes.  Au collège, c’était le métier de Professeur qui m’épatait, quand je voyais les jeunes filles françaises venir nous enseigner comme des volontaires. Au lycée on parlait plus d’orientation et de carrière. C’est là que les choses se clarifient. J’hésitais entre la Médecine et l’Industrie Alimentaire et finalement j’ai opté pour l’Industrie Alimentaire. Pour ce faire je me suis orientée en CBBG. Par la suite et avec mes performances je me suis retrouvée en Botanique et Ecologie végétales qui m’ont conduites à la recherche.

FA: Aujourd’hui Vous êtes docteur d’État ès Sciences, qu’est-ce qui vous a motivée à vous lancer dans les études scientifiques ?

Quand je suis rentrée d’Abidjan avec mon DEA en novembre 1988, je me suis inscrite au Service National de Développement (SND), où j’ai fait la phase production au laboratoire de Biologie et Ecologie Végétale dirigé par le professeur Sita GUINKO. Lorsque j’ai fini mon SND, j’ai postulé à une offre de bourse de jeune scientifique de l’UNESCO/MAB et je l’ai obtenue pour travailler à la Réserve de la Biosphère de la Mare aux Hippopotames du Burkina Faso, dans la région des Hauts Bassins. Cette bourse a été un vrai déclic pour moi. J’ai produit un rapport pour l’UNESCO qui a été très satisfaite et m’a recommandée d’intégrer le comité National MAB.

A partir de là, mon carnet d’adresses scientifiques a été enrichi. Je pense sincèrement que c’est ce déclic qui a contribué à mon succès. Surtout que le Professeur GUINKO me faisait confiance et comptait beaucoup sur moi pour ouvrir la porte aux autres jeunes filles qui seraient intéressées par la recherche. J’ai été la première femme doctorante du laboratoire.

FA: L’éducation familiale que vous reçue a-t-elle influencé votre choix ?

Je dirais oui. Mon père était infirmier, quoique je ne l’ai pas trop vu en activité. Il a pris sa retraite quand j’étais enfant. Il nous encourageait à travailler. Nous récitions nos leçons chaque soir devant lui. Ma nièce au collège et mon neveu au cours normal de Ouahigouya étaient des modèles que nous devions suivre pour Papa. Il m’a inscrite au collège de son lit de malade et malheureusement il est décédé une semaine avant que je n’entre à l’internat au collège.

FA:Vous avez une expérience professionnelle de 30 ans dans la recherche forestière au Burkina Faso. Que peut-on retenir de votre parcours ?

– Contribution à la connaissance de la végétation et des usages des espèces de la forêt classée de Toessin dans le Passoré en 1993 ;- Coordonnatrice du Projet de gestion des ressources naturelles du Bazèga de 1998 à 2006 ;- Coordonnatrice du Projet d’étude de la gestion durable des ressources naturelles de la Réserve de Biosphère de la Mare aux Hippopotames du Burkina Faso aux côtés des réserves de 5 autres pays d’Afrique de l’Ouest (Bénin, Côte d’Ivoire, Mali, Niger et Sénégal) de 2002 à 2005 ;

-Contribution à la connaissance à la caractérisation, à la dynamique et à l’ethnobotanique des galeries forestières de la Réserve de Biosphère de la Mare aux Hippopotames du Burkina Faso; Publications ou travaux connexes :Total de 56 publications dans des revues indexées ou à comité de lecture, en dehors des publications académiques concernant le DEA en 1988, le doctorat 3è cycle en 1993 et le doctorat d’Etat en 2008. Au titre des documents de vulgarisation et des communications, on note :

– 22 fiches techniques ou articles dans des revues de vulgarisation ;

– 12 posters présentés, sur l’importance de la Biodiversité Végétale ; – 3 manuels pour orienter les gestionnaires des parcs agroforestiers dans les bonnes pratiques ;

– 5 Chapitres de livres dont deux sur la gestion durable des forêts et trois sur l’importance de la réserve de Biosphère de la Mare aux Hippopotames.

– 17 communications présentées au Burkina Faso sur différentes thématiques ayant trait au développement durable ;

– 22 communications présentées hors du Burkina Faso sur des thématiques variées.

FA: D’où tirez-vous cette énergie quand on sait que les femmes sont assez rares dans ce domaine ?

Aujourd’hui, avec un recul, je pense que c’est la détermination, l’engagement et la foi en Dieu, accompagnés du soutien des uns et des autres qui m’ont permis de surmonter tous les défis devant moi depuis la Licence jusqu’au doctorat. Je rends Gloire à Dieu pour tout ce parcours.

Interview realisé par Claudine Ouedraogo

Fasoamazone.net

À suivre

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