Les femmes du Sénégal s’insurgent contre la suppréssion du ministère de la Femme, de la Famille et de la Protection des enfants, désormais renommé ministère de la Famille et des Solidarités dans le gouvernement Sonko1. D’où L’inquiétude qu’elles soulèvent depuis lors.
Un changement perçu comme un « signal d’alerte » notamment pour la sauvegarde des acquis obtenus par rapport aux droits des femmes. « Il y a un déphasage total entre les annonces du programme de Pastef comme des réformes du code de la famille, la lutte contre les stéréotypes, et la réalité de ces nominations », analyse Aminata Libain Mbengue.
Comme toutes attentes, elles formulent néanmoins des recommandations à l’endroit des autorités.
Depuis 2010, le Caucus des femmes leaders œuvre pour la parité dans les instances de gouvernance. C’est d’ailleurs notamment grâce à son plaidoyer que la loi sur la parité a été adoptée le 28 mai 2010. Problème, celle-ci ne s’applique pas aux postes nominatifs. Or, l’absence de femmes dans les instances gouvernementales se répercute sur les politiques publiques adoptées au sommet de l’État. Non incluses dans les décisions, les besoins spécifiques des femmes dans les différents secteurs sont plus largement ignorés.
La non-prise en considération de ces besoins spécifiques empêche ainsi l’avancée vers l’égalité des sexes. « Plusieurs études ont pourtant prouvé que la participation des femmes permettait d’atténuer les crises politiques mais aussi la malgouvernance » argumente Hélène Tine, ancienne députée et coordinatrice du Caucus.
Une pleine participation des femmes en politique s’avère également facteur de développement. Ces membres, des femmes engagées dans divers partis politiques, plaident ainsi de longue date pour l’instauration d’un « ticket paritaire » afin d’inscrire les femmes au plus haut niveau dans la vie politique sénégalaise. « Il s’agit de mettre en place un poste de vice-président qui serait occupé par une femme », raconte Mme Tine.
Dans son programme, le Pastef prévoit bien l’instauration d’un poste de vice-président, reste à faire accepter que ce ticket soit paritaire… Autre demande du Caucus : que 30 % des postes nominatifs de gouvernance soit occupés par des femmes. « Il vaut mieux marcher lentement mais sûrement : on doit tenir compte de certaines contraintes et réalités en demandant d’abord des pourcentages avant d’obtenir la parité totale », dit-elle.
Inscrites dans son manifeste, le cadre de concertation soumet plusieurs recommandations pour revoir « ce faux pas de départ » du gouvernement : création d’une structure de gouvernance dédiée aux besoins des femmes et des filles, mise en place de programmes et de budgets spécifiques dédiées aux femmes et filles, promotion de l’égalité des chances…
Mais pour Aminata Libain Mbengue, « la représentativité ne se fera pas naturellement : la parité doit être imposée, il n’y a qu’avec la contrainte que les choses pourront changer », affirme-t-elle. En attendant, le cadre de concertation espère obtenir une audience auprès du président, Bassirou Diomaye Faye et du ministère de la Famille et des Solidarités.